lundi 30 juin 2025

Le Pèlerin, semaine 3, jeudi, chapitre 10

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA CITÉ CÉLESTE

CHAPITRE 10

SEMAINE 3 - JEUDI

Lire et prier : « Cherchez celui qui a fait les Pléiades et Orion, qui change l’obscurité profonde en aurore, et transforme le jour en nuit ; celui qui appelle les eaux de la mer et les répand sur la surface de la terre ; l’Éternel est son nom. » (Amos 5:8)


Chrétien dans la Vallée de l’Ombre de la Mort (2)

Mon attention se fixa alors sur un fait que je ne puis omettre de rapporter. Je remarquai que le pauvre  hrétien était si effrayé qu’il ne reconnaissait plus sa propre voix, et je le compris par les circonstances que je vais relater.

Lorsque Chrétien arriva au bord de l’abîme embrasé, l’un des démons s’approcha de lui sans être perçu et lui souffla à l’oreille de nombreuses et très terribles blasphèmes, et le pauvre Chrétien croyait que c’était son âme elle-même qui les proférait. Ce fait l’affligea plus que tout ce qui lui était arrivé jusque-là : penser qu’il blasphémait contre celui qu’il avait tant aimé auparavant ! Mais il ne songea pas à se boucher les oreilles ni à chercher d’où venaient ces blasphèmes.

Il se trouvait depuis quelque temps déjà dans cette triste situation, quand il crut entendre la voix d’un homme qui marchait devant lui, s’écriant : « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi » (Psaume 23:4). Ces paroles le réjouirent pour plusieurs raisons.

1° – Parce qu’elles prouvaient qu’un autre craignant Dieu se trouvait aussi dans cette vallée.

2° – Parce qu’il comprenait que Dieu était avec cet homme, malgré l’obscurité et la tristesse qui les entouraient. Et pourquoi ne serait-il pas aussi avec moi, pensa Chrétien en lui-même, même si je ne le perçois pas, vu l’endroit où je me trouve ? (Job 9:11).

3° – Parce qu’il espérait jouir de la compagnie de celui ou de ceux dont il avait entendu la voix, s’il parvenait à les rejoindre. Il reprit courage et décida de continuer sa marche, appelant celui qui le précédait, mais celui-ci, se croyant également seul, ne répondit jamais. L’aurore commençait alors à poindre, et Chrétien s’écria : « Il change l’obscurité en matinée » (Amos 5:8). Ensuite, le jour apparut, et Chrétien continua : « Et transforme la nuit en jour. »

Le jour étant levé, il regarda en arrière, non parce qu’il désirait retourner, mais pour voir, à la lumière du soleil, les dangers qu’il avait traversés pendant la nuit.

Il vit alors parfaitement l’abîme d’un côté et le marécage de l’autre, et considéra combien le sentier était étroit entre les deux : il vit également les fantômes, les loups-garous et les dragons de l’abîme, mais tous très loin, car ils n’osaient s’approcher de la lumière du jour. Cependant, Chrétien les voyait, car, comme il est écrit : « Il met en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, il met à découvert les ombres de la mort » (Job 12:22).

Chrétien fut profondément impressionné de se voir délivré des dangers de cette vallée solitaire ; car bien qu’il les eût beaucoup redoutés, il en mesurait mieux maintenant la gravité en les regardant à la lumière du jour.

Le soleil brilla alors, ce qui fut un grand secours pour le voyageur, car si la première partie de la vallée avait été extrêmement dangereuse, la seconde, qu’il lui restait à parcourir, promettait d’être encore plus périlleuse, vu que, depuis l’endroit où Chrétien se trouvait jusqu’à la fin de la vallée, le chemin était rempli de pièges, de filets et d’obstacles, et comportait de nombreux abîmes, précipices, fosses et ravins, si bien que, s’il avait encore fait nuit comme dans la première partie du chemin, mille âmes qu’eût possédées Chrétien, toutes les aurait-il irrémédiablement perdues ; mais heureusement, le soleil brillait dans tout son éclat. Il dit alors en lui-même : Sa lampe brillait sur ma tête, et, guidé par sa lumière, je marchais dans les ténèbres (Job 29:3).

Avec cette lumière, Chrétien arriva à la fin de la vallée, où je vis, dans mon rêve, du sang, des os, des cendres et des corps d’hommes déchirés : c’étaient les restes des voyageurs qui, dans les temps passés, avaient marché par ce chemin. Je réfléchissais à ce qui avait pu causer tant de destructions, quand je découvris plus loin une caverne où avaient habité deux géants, le Pape et le Païen, dont le pouvoir et la tyrannie avaient provoqué ces horreurs.

Chrétien passa par cet endroit sans grand danger, ce qui m’étonna beaucoup ; mais je compris ensuite que le Païen était mort depuis longtemps, et que l’autre, bien qu’encore vivant, en raison de son grand âge et des violents assauts qu’il avait subis dans sa jeunesse, était si décrépit et dans une telle situation qu’il ne pouvait plus que rester à l’entrée de sa caverne, menaçant les pèlerins qui passent et se désespérant de ne pouvoir les atteindre. Pendant ce temps, Chrétien poursuivait son chemin. La vue du vieillard, assis à l’entrée de la caverne, lui donna matière à réflexion, surtout lorsque celui-ci, ne pouvant se mouvoir, cria : Vous n’aurez point de salut, jusqu’à ce que beaucoup d’autres, comme vous, soient livrés aux flammes.

Mais Chrétien ne répondit rien, et, passant sans crainte et sans aucun dommage, s’écria : Ô monde de merveilles ! Et c’est bien vrai, car je suis indemne, malgré la misère que j’ai trouvée en toi. Bénie soit la main miséricordieuse à qui je dois ma préservation ; durant mon séjour dans cette vallée, les dangers des ténèbres, les ennemis, l’enfer et le péché m’ont entouré. Mon chemin était semé d’innombrables pièges, d’abîmes, d’obstacles de toutes sortes ; mais grâces soient rendues à Jésus, qui m’a délivré de tout. À lui la couronne du triomphe.


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