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mercredi 16 juillet 2025

Le Pèlerin, semaine 5, vendredi, chapitre 17

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA VILLE CÉLESTE

CHAPITRE 17

SEMAINE 5 - VENDREDI

Lire et prier : "Si tu vois un homme qui se croit sage, il y a plus à espérer d’un insensé que de lui." (Pr 26:12)


La conversation avec Ignorance
et la situation terrible de Revenir-En-Arrière

Et de nouveau je m’endormis et recommençai à rêver. Je vis les deux pèlerins descendre des montagnes par le chemin qui mène à la ville.

Plus bas dans les montagnes, il y a un pays appelé Idées-Fantastiques, duquel sort, vers la route empruntée par les pèlerins, un sentier tortueux. Ils y rencontrèrent un jeune homme, à moitié idiot, qui venait de ce pays. Il s’appelait Ignorance. Chrétien lui demanda d’où il venait et où il allait, il répondit :

Ignorance - Je suis natif de ce pays qui se trouve à main gauche, et je vais à la Ville Céleste.

Chrétien - Et comment crois-tu pouvoir y entrer ? Il se peut que tu rencontres quelque difficulté à la porte.

Ignorance - J’y entrerai comme le font les autres gens de bien.

Chrétien - Que peux-tu présenter pour qu’on te permette l’entrée ?

Ignorance - Je connais la volonté de mon Seigneur, et j’ai vécu honnêtement ; je rends à chacun ce qui lui revient, je prie, je jeûne, je paie la dîme, je donne l’aumône, et j’ai quitté ma patrie pour me diriger vers la Ville Céleste.

Chrétien - Mais tu n’es pas entré par la porte qui se trouve au début de ce chemin. Tu as suivi le sentier tortueux, et c’est pourquoi je crains que, même si tu penses du bien de toi-même, au jour du jugement, quand tu tenteras d’entrer dans la ville, on t’accuse de voleur et de brigand.

Ignorance - Messieurs, vous m’êtes complètement étrangers, je ne vous connais pas. Suivez la religion de votre pays, moi je suivrai celle du mien, et j’espère que tout ira bien pour chacun de nous.

Quant à la porte dont vous parlez, tout le monde sait qu’elle est très éloignée de notre pays, et je ne crois pas qu’il y ait quelqu’un chez nous qui connaisse le chemin qui y conduit. Et ce n’est pas une raison de s’inquiéter, car, comme vous le voyez, nous avons un raccourci agréable qui rejoint cette route.

Chrétien, voyant que cet homme se croyait sage, dit à voix basse à Espérance : "Il y a plus d’espoir pour un insensé que pour lui" (Pr 26:12) ; et il ajouta : "Il manque d’intelligence, et à chacun il montre qu’il est un fou" (Ec 10:3). Qu’en dis-tu ? Continuons-nous de lui parler, ou hâtons-nous et laissons-le réfléchir à ce que nous lui avons dit, en l’attendant ensuite, pour voir si, peu à peu, nous pourrons lui faire du bien ?

Espérance - Je pense comme toi ; il ne convient pas de tout lui dire d’un coup ; laissons-le seul pour l’instant, et nous lui parlerons de nouveau quand l’occasion se présentera. Ils s’avancèrent donc, et Ignorance continua un peu plus loin derrière eux. Ils avaient à peine marché qu’ils arrivèrent à un endroit très étroit et sombre, où ils virent un homme lié avec de grosses cordes, traîné par sept démons qui le ramenaient vers la poterne qu’ils avaient vue au pied de la montagne.

Une grande frayeur s’empara de nos pèlerins en assistant à ce spectacle. Malgré cela, quand les démons passèrent avec cet homme, Chrétien le regarda attentivement, pensant reconnaître un certain Volta-Atrás, qui habitait la ville de l’Apostasie ; mais il ne put voir son visage car il marchait tête baissée, comme un voleur pris sur le fait. Une fois passé, Espérance vit qu’il portait sur le dos une pancarte disant : Chrétien licencié, et apostat maudit. Chrétien dit alors à son compagnon :

Je vais maintenant te raconter une histoire qu’on m’a rapportée au sujet d’un homme de cette région. Il s’appelait Pouca-Fé, mais c’était un homme très respectable et il vivait dans la ville de la Sincérité.

Près de l’entrée du passage étroit que nous traversons, débouche un sentier venant de la porte du chemin large, qui s’appelle Sentier-des-Morts, à cause des nombreux assassinats qui s’y commettent. Ce Pouca-Fé, en pèlerinage comme nous, s’était assis là par hasard, et s’endormit. À ce moment-là descendaient par le sentier trois bandits connus : Lâcheté, Méfiance et Culpabilité, tous frères, qui, découvrant Pouca-Fé endormi, coururent vers lui. À ce moment, le malheureux pèlerin se réveillait et s’apprêtait à reprendre son chemin.

Dès que les trois l’atteignirent, ils lui ordonnèrent de s’arrêter d’un ton menaçant. Pouca-Fé pâlit et n’eut ni la force de fuir ni celle de se défendre. Alors Lâcheté s’écria : Donne-nous ta bourse. Et comme le pèlerin tardait à obéir (car cela lui coûtait de perdre son argent), Méfiance s’élança, lui mit la main dans la poche et en tira une petite bourse pleine d’argent. Pouca-Fé cria de toutes ses forces qu’on le volait, mais Culpabilité, tenant une formidable massue, lui asséna un coup si violent sur la tête qu’il tomba à terre, inondé de sang.

Les voleurs entouraient leur victime, mais soudain, entendant des pas approcher et craignant qu’il ne s’agisse de Grand-Grâce, de la ville de Bonne Espérance, ils s’enfuirent à toute allure, abandonnant le pauvre homme.

Espérance - Et ils lui prirent tout ce qu’il avait de précieux ?

Chrétien - Non. Ils négligèrent l’endroit où il avait caché ses bijoux, mais, d’après ce qu’on m’a raconté, le pauvre homme ressentit vivement le vol, car les bandits lui avaient pris presque tout l’argent qu’il avait pour les dépenses ordinaires. Il est vrai qu’il lui restait encore quelques petites pièces, mais elles ne suffisaient pas pour les frais du voyage.

De plus : On m’a dit qu’il dut mendier pour pouvoir vivre, car il ne lui était pas permis de se défaire de ses bijoux. Pourtant, malgré les aumônes, il continua sa route, presque toujours le ventre vide (1 Pi 1:18).

Espérance - Je trouve très étrange qu’ils ne lui aient pas pris le parchemin qui devait lui permettre d’entrer dans la Ville Céleste.

Chrétien - C’est effectivement étrange, mais s’ils ne le lui ont pas pris, ce n’est pas grâce à sa ruse, car il fut si terrifié par l’attaque des trois brigands qu’il n’eut ni force ni habileté pour cacher quoi que ce soit. Ce fut plus la providence que ses propres efforts qui lui permit de conserver un document aussi précieux.


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lundi 14 juillet 2025

Le Pèlerin, semaine 5, mercredi, chapitre 15

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA CITÉ CÉLESTE

CHAPITRE 15

SEMAINE 5 - MERCREDI

Lire et prier : «Je mettrai sur son épaule la clé de la maison de David : quand il ouvrira, nul ne fermera; quand il fermera, nul n’ouvrira.» (És 22.22)


Chrétien et Espoir emprisonnés par le géant Désespoir (2)

Mais ayant invoqué le Seigneur, ils retrouvent
la liberté grâce à la clé des promesses

Ainsi, dès que le géant se leva, il s’arma d’un terrible fouet et descendit à la prison. Il commença par les injurier, les traitant de chiens, et, bien qu’ils ne répondissent rien de mal, il se jeta sur eux, les frappant si violemment qu’ils ne pouvaient plus bouger, même pas se tourner d’un côté à l’autre sur le sol. Cela fait, il se retira, les laissant seuls dans leur misère, pleurant leur malheur. Ainsi passèrent-ils cette journée, seuls, dans les sanglots et les lamentations amères.

La nuit suivante, Méfiance, informée de ce qui s’était passé, dit à son mari qu’il devait leur conseiller de mettre fin à leurs jours.

Le jour se leva. Le géant se rendit à la prison avec la même brutalité que la veille, et, voyant combien les prisonniers souffraient à cause des coups qu’il leur avait infligés, il leur dit :

—Puisque jamais vous ne sortirez d’ici, le mieux que vous puissiez faire, c’est de mettre fin à vos vies, par le fer, la corde ou le poison ; car, vraiment, comment pouvez-vous supporter une vie si pleine d’amertume ?

Mais ils insistèrent auprès du géant pour qu’il les laissât poursuivre leur chemin.

Désespoir les regarda avec colère et se jeta sur eux avec une telle violence qu’il les aurait sûrement mis en pièces, s’il n’avait été pris d’une de ses crises habituelles, qui le priva de l’usage de ses mains et l’obligea à se retirer, les laissant seuls à leurs réflexions.

Ils commencèrent alors à discuter pour savoir s’il valait mieux suivre le conseil du géant, et engagèrent entre eux ce dialogue :

Chrétien —Que devons-nous faire, mon frère ? La vie que nous menons est misérable, et je ne sais s’il vaut mieux continuer à vivre ainsi ou en finir une bonne fois. Mon âme préfère la mort au corps, et le tombeau à cette prison (Job 7.15). Devrions-nous suivre le conseil du géant ?

Espoir —Il est vrai que notre situation est terrible, et que la mort me serait plus agréable si nous devions rester ici pour toujours ; mais nous devons nous rappeler que le Seigneur du pays vers lequel nous nous dirigeons a dit : «Tu ne tueras point», et que s’il nous a donné ce commandement envers les autres, à plus forte raison cela s’applique à nous-mêmes. De plus, celui qui tue autrui ne détruit que le corps, mais celui qui se suicide détruit le corps et l’âme d’un seul coup. Tu parles du repos du tombeau ?

As-tu oublié où vont ceux qui tuent ? «Souviens-toi qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle» (1 Jn 3.15). Nous devons considérer que toutes les lois ne sont pas entre les mains de ce géant. Je crois que d’autres, comme nous, sont tombés en son pouvoir, et que malgré cela, ils ont échappé à ses griffes.

Qui sait si Dieu, qui a fait le monde, ne fera pas mourir ce géant Désespoir, ou ne permettra pas qu’un jour, il oublie de fermer le verrou, ou soit à nouveau frappé d’un mal qui l’empêche d’utiliser ses pieds ? Si cela arrivait, je suis décidé à agir avec courage et à tout faire pour m’échapper de son pouvoir ; j’ai été insensé de ne pas l’avoir déjà tenté, mais ayons de la patience et souffrons encore un peu ; l’heure de notre délivrance viendra ; ne soyons donc pas meurtriers de nous-mêmes.

Par ces paroles, Espoir réussit à calmer momentanément son frère, et ils passèrent ainsi ensemble cette journée dans les ténèbres, dans un état des plus douloureux.

Au crépuscule, le géant redescendit à la prison pour voir si les prisonniers avaient suivi son conseil ; et bien qu’ils ne se fussent pas suicidés, il les trouva presque sans vie, car, d’une part, le manque de nourriture, et d’autre part, les blessures reçues, les avaient affaiblis au point qu’ils respiraient à peine.

Les voyant encore vivants, le géant se mit en colère et leur dit qu’il aurait mieux valu pour eux ne jamais être nés plutôt que d’avoir méprisé son conseil.

Cette menace effraya grandement les deux prisonniers, et Chrétien faillit s’évanouir ; mais, reprenant tous deux un peu leurs esprits, ils reparlèrent encore du conseil du géant.

Chrétien paraissait enclin à le suivre, mais Espoir lui dit :

—Mon cher frère, as-tu donc oublié le courage que tu as montré tant de fois ? Apollyon n’a pas pu te terrasser, ni tout ce que tu as vu, entendu et éprouvé dans la Vallée de l’Ombre de la Mort. Que d’épreuves, de terreurs et de frayeurs as-tu traversées ! Et maintenant, je ne vois en toi que faiblesse et peur ! Ne suis-je pas ici dans la même prison que toi, moi qui suis, par nature, bien plus faible que toi ? Le géant ne m’a-t-il pas frappé comme toi ? Ne nous a-t-il pas privés de pain et d’eau ? Ne me plains-je pas, comme toi, d’être plongé dans d’épaisses ténèbres ? Exerçons encore un peu de patience. Souviens-toi du courage que tu as montré à la Foire de la Vanité, souviens-toi que ni les chaînes, ni la prison, ni la perspective d’une mort terrible ne t’ont effrayé, et supportons les maux présents avec autant de patience que possible, afin d’éviter la honte.

Ainsi passa un jour de plus. Le soir, la femme du géant lui demanda à nouveau des nouvelles des prisonniers, pour savoir s’ils avaient suivi son conseil. Le géant répondit que c’étaient des hommes sans fierté ni honte, qui avaient préféré tout endurer plutôt que de se suicider.

Elle lui répondit :

—Demain matin, conduis-les dans la cour du château, montre-leur les ossements et les crânes de ceux que tu as déchiquetés, et dis-leur que, dans moins de huit jours, ils subiront le même sort.

Ce fut fait ainsi. Le lendemain matin, le géant les mena dans la cour du château, selon les conseils de sa femme, et leur dit :

Ces ossements appartenaient à des pèlerins comme vous, qui ont violé mes terres, tout comme vous l’avez fait, et que j’ai déchirés quand bon m’a semblé, comme je le ferai avec vous d’ici peu. Retournez maintenant dans votre prison.

Et il les accompagna jusqu’à la porte du cachot, leur administrant encore de nombreux coups. Ils y demeurèrent tristes tout le jour du samedi, dans des circonstances aussi misérables que précédemment. Le soir venu, le géant reparla des pèlerins avec sa femme, étonné que ni les coups ni les conseils n’eussent eu raison d’eux.

—Je crains —dit la femme— qu’ils ne nourrissent l’espoir que quelqu’un vienne les libérer, ou qu’ils aient trouvé une fausse clé grâce à laquelle ils espèrent s’évader.

—Demain, je les fouillerai —répondit le géant.

Il était près de minuit, ce samedi-là, lorsque nos pèlerins commencèrent à prier, et ils continuèrent en prière jusqu’à l’aube.

Peu avant le lever du jour, Chrétien s’écria avec ferveur, comme s’il était saisi d’effroi : Quel fou et insensé je suis de rester ici dans ce cachot, alors que je pourrais jouir de la liberté ! J’ai sur moi une clé appelée Promesse, qui, j’en suis persuadé, peut ouvrir toutes les serrures du château du Doute. —Vraiment ? s’exclama Espoir. Quelle bonne nouvelle tu m’annonces, mon frère ; sors donc cette clé de ton sein et essayons-la !

Chrétien prit la clé et l’essaya sur la porte de la prison. Quelques instants plus tard, la serrure céda, et la porte s’ouvrit toute grande, très facilement. Chrétien et Espoir sortirent.

Ils arrivèrent à la porte extérieure donnant sur la cour du château, qui céda tout aussi facilement. Ils se dirigèrent ensuite vers la grande porte de fer qui fermait toute la forteresse, et bien que la serrure fût extrêmement solide et complexe, ils réussirent à l’ouvrir avec la clé. Ils poussèrent la porte pour s’enfuir au plus vite, mais les gonds grincèrent tellement qu’ils réveillèrent le géant Désespoir, qui se leva aussitôt pour poursuivre les fugitifs ; mais ses forces l’abandonnèrent, car il fut pris d’une de ses crises, ce qui l’empêcha de courir après les pèlerins. Pendant ce temps, eux couraient, atteignant la grande route, libres de toute crainte, car ils étaient déjà hors de la juridiction du géant.

Ayant franchi la passerelle qui donnait accès aux terres du château, ils commencèrent à réfléchir sur la manière de prévenir du danger que représentait le pouvoir du géant, et décidèrent d’ériger là une colonne, en gravant au sommet ces mots : Ce chemin mène au château du Doute, propriété du géant Désespoir, qui méprise le Roi du pays céleste et cherche à détruire ses saints pèlerins.

Cette mise en garde fut utile à beaucoup de ceux qui passèrent plus tard par cet endroit, et qui, lisant l’inscription, purent éviter le danger.

Et après avoir dressé la colonne, ils chantèrent un cantique, dont les paroles disaient à peu près ceci : «Quelle terrible situation fut la nôtre, quand nous avons quitté le droit chemin ; alors nous avons connu ce que c’est que de fouler un sol interdit ! Vous qui nous suivez dans ce pèlerinage, soyez vigilants, apprenez de notre exemple, et fuyez toujours le château du Doute, car vous tomberiez entre les mains du terrible géant Désespoir.»


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samedi 12 juillet 2025

Le Pèlerin, semaine 5, mardi, chapitre 15

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA CITÉ CÉLESTE

CHAPITRE 15

SEMAINE 5 - MARDI

Lire et prier : « Tu as éloigné de moi amis et compagnons ; mes proches sont dans les ténèbres. » (Psaume 88:18)


Chrétien et Espérance emprisonnés par le géant Désespoir

Chrétien et Espérance, entourés de consolation et de paix, tombent dans la négligence et, prenant un mauvais chemin, sont faits prisonniers par le géant Désespoir ;


Nos pèlerins poursuivaient leur chemin quand je les vis arriver à une belle rivière, que le roi David appela « fleuve de Dieu » et Jean « fleuve d’eau de la vie » (Psaume 65:9 ; Apocalypse 22:1 ; Ézéchiel 47:1-9).

Ils devaient traverser cette rivière. Grande fut la consolation qu’ils ressentirent, et plus encore lorsqu’ils goûtèrent à l’eau de la vie, la trouvant agréable et rafraîchissante pour leurs esprits fatigués.

Sur les rives du fleuve poussaient des arbres touffus produisant toutes sortes de fruits, et dont les feuilles servaient à prévenir les maladies qui atteignent généralement ceux qui, après avoir beaucoup marché, sentent leur sang s’échauffer. De part et d’autre de la rivière s’étendaient de beaux prés ornés de lys luxuriants qui restaient verts toute l’année.

Arrivés dans l’un de ces prés, ils se couchèrent et s’endormirent, car en ce lieu ils pouvaient se reposer en sécurité (Psaume 23:2 ; Ésaïe 14:30). À leur réveil, ils mangèrent des fruits des arbres, burent de nouveau l’eau de la vie, puis se rendormirent. Ils vécurent ainsi plusieurs jours dans cet endroit. Le plaisir qu’ils y trouvèrent était tel qu’ils s’écrièrent : « Béni soit le Seigneur qui a préparé ces eaux cristallines pour les pèlerins qui passent ici. Quel parfum agréable s’exhale de ces prés, qui nous invitent avec douceur ! Celui qui goûte ces fruits ou même les feuilles de ces arbres vendra volontiers tout ce qu’il possède pour acheter ce terrain. »

Comme ils n’étaient pas encore parvenus au terme de leur voyage, ils décidèrent de repartir après avoir mangé et bu.

Je vis alors dans mon songe qu’un peu plus loin, la route et la rivière se séparaient, ce qui les attrista beaucoup. Néanmoins, ils n’osèrent pas quitter le chemin. Mais plus ils s’éloignaient de la rivière, plus la route devenait rugueuse, et comme leurs pieds étaient très sensibles à cause de la longue marche, ils furent très abattus (Nombres 21:4).

Ils poursuivirent toutefois leur route, bien qu’ils désirassent entrer dans un pré accessible par des planches de bois ; il s’appelait « Pré du Mauvais Chemin ». Chrétien dit alors à son compagnon : Si ce pré suit la route, nous pourrions y marcher. Et s’approchant des planches pour mieux examiner, il vit un sentier longeant la route, de l’autre côté du mur.

Espérance – Et si nous nous perdions ?

Chrétien – Peu probable. Vois-tu que le sentier suit la route ?

Espérance, convaincu par son compagnon, le suivit de l’autre côté et tous deux entrèrent dans le sentier, qui était très doux pour leurs pieds fatigués. Un peu plus loin, ils aperçurent un homme qui marchait devant eux ; il se nommait Vaine-Confiance. Ils lui demandèrent où menait ce sentier. À la porte céleste, répondit-il. « Tu vois ? Ne te l’avais-je pas dit ? » dit Chrétien à son compagnon. « Maintenant nous pouvons être sûrs que nous sommes sur le bon chemin. »

Ils continuèrent leur marche, suivant l’homme. Mais la nuit tomba, si obscure qu’ils ne purent plus distinguer l’homme devant eux. Celui-ci, ne voyant pas le chemin, tomba dans une fosse profonde, creusée par le prince de ces lieux pour y faire tomber les insensés présomptueux, et il se blessa gravement dans sa chute (Ésaïe 3:16).

Chrétien et Espérance, entendant sa chute, lui crièrent pour savoir ce qui s’était passé, mais n’obtinrent qu’un profond gémissement. Alors Espérance demanda : Où sommes-nous ? Chrétien n’osa répondre, craignant s’être égaré. Il se mit alors à pleuvoir et une tempête violente éclata. Les tonnerres et les éclairs se succédaient, et l’eau montait, inondant les pèlerins. Espérance gémit, se disant : Si seulement nous étions restés sur le chemin comme je le voulais !

Chrétien – Qui aurait cru que ce sentier nous égarerait ?

Espérance – Je l’ai pressenti dès le début, et je t’ai averti doucement, sans parler plus clairement par respect pour ton âge.

Chrétien – Ne sois pas offensé, cher frère. Je regrette profondément de t’avoir égaré et exposé à un tel danger. Pardonne-moi, je n’agissais pas avec mauvaise intention.

Espérance – Rassure-toi, frère. Je te pardonne volontiers, et je crois que cette épreuve nous sera utile à tous les deux.

Chrétien – Que je suis heureux d’avoir un frère aussi bon pour compagnon ! Mais au lieu de rester ici, retournons sur nos pas à la recherche du sentier.

Espérance – D’accord, cher frère, mais laisse-moi passer devant.

Chrétien – Non. C’est moi qui souhaite passer devant. S’il y a un danger, que ce soit moi qui en souffre le premier, puisque c’est par ma faute que nous nous sommes égarés.

Espérance – Je ne peux l’accepter, car ton esprit est troublé, et nous risquerions de nous perdre davantage.

À ce moment, ils entendirent avec une grande consolation une voix qui disait :

« Dressez-vous des signes, placez-vous des poteaux ; faites attention à la route, au chemin que vous avez suivi ; revenez ! » (Jérémie 31:21). Mais les eaux avaient tant monté que le retour était très dangereux. (Je pensai alors combien il est plus facile de quitter le bon chemin que d’y revenir après l’avoir perdu). Nos pèlerins prirent le risque de revenir sur leurs pas, mais les ténèbres étaient si épaisses et l’eau si haute qu’ils faillirent se noyer à plusieurs reprises.

Malgré leurs efforts, ils ne purent retrouver les planches de bois. Ayant trouvé un petit abri, ils s’y assirent pour attendre le lever du jour, et s’endormirent de fatigue.

Non loin de l’endroit où ils s’étaient assis, se trouvait un château nommé Château du Doute, dont le propriétaire était le géant Désespoir, à qui appartenaient aussi les terres où les pèlerins s’étaient endormis.

Le géant, s’étant levé tôt, se promenait dans ses champs quand il tomba, surpris, sur Chrétien et Espérance encore endormis. D’une voix rude et menaçante, il leur demanda d’où ils venaient et ce qu’ils faisaient là.

– Nous sommes des pèlerins, répondirent-ils, et nous nous sommes égarés.

– Misérables, s’écria le géant, vous avez violé mes terres cette nuit, piétinant mes semences ; vous êtes mes prisonniers. Ils ne purent répondre à cette accusation, car le géant était plus fort et ils se savaient en faute ; ils décidèrent donc d’obéir. Le géant les poussa devant lui et les jeta dans une des cellules de son château, obscure, répugnante et terrifiante pour l’esprit des pauvres pèlerins. Là, ils restèrent du mercredi matin au samedi soir, sans nourriture, sans eau, sans lumière, et sans que personne ne vienne s’informer de leur état. Leur situation était très triste, loin de tout ami et de toute connaissance (Psaume 88:1-18), surtout celle de Chrétien, car sa précipitation mal avisée avait causé ce grand malheur.

L’épouse du géant Désespoir s’appelait Méfiance. Le géant lui raconta, lorsqu’ils se couchèrent, qu’il avait capturé des prisonniers et les avait enfermés pour avoir violé ses champs, lui demandant ensuite quel sort ils méritaient selon elle. Méfiance, après avoir demandé qui ils étaient, d’où ils venaient et où ils allaient, conseilla à son mari de les fouetter sans pitié le lendemain matin.


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mardi 24 juin 2025

Le Pèlerin, semaine 2, jeudi, chapitre 7

LE PÈLERIN
LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA CITÉ CÉLESTE

CHAPITRE 7

SEMAINE 2 - JEUDI

Lire et prier : « C’est pourquoi il est dit : Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et Christ t’éclairera. » (Éphésiens 5:14)


Les autres voyageurs arrivèrent également au début du défilé, mais lorsqu’ils virent ces rochers et précipices, et remarquèrent qu’il y avait deux autres chemins beaucoup plus faciles, qui menaient probablement au même endroit que celui qu’empruntait Chrétien, ils décidèrent chacun de prendre leur propre voie.

Ainsi, l’un prit le chemin du Danger et s’enfonça dans une forêt sombre ; l’autre suivit le chemin de la Mort Éternelle, qui le conduisit dans une vaste plaine pleine de montagnes noires, où il trébucha et tomba pour ne plus jamais se relever.

Je tournai alors mes regards vers Chrétien, pour le contempler dans son ascension périlleuse.

Quel labeur ! Quelle fatigue ! Il ne pouvait courir, et parfois même marcher lui était difficile, devant s’aider de ses mains. Heureusement, à mi-hauteur, se trouvait un lieu de repos, préparé par le Seigneur du chemin pour le réconfort des voyageurs fatigués. Parvenu là, Chrétien s’assit pour se reposer.

Il sortit de sa poche son diplôme, pour se réjouir et se consoler en le lisant, et pour examiner le vêtement qu’on lui avait donné au pied de la croix. Mais, tandis qu’il se reposait, il s’endormit, et pendant son sommeil, le diplôme lui glissa des mains. Il ne se réveilla qu’au crépuscule. Alors qu’il dormait encore, quelqu’un s’approcha de lui et lui dit : « Va vers la fourmi, paresseux, considère ses voies et deviens sage » (Proverbes 6:6). À cette exhortation, il se réveilla et se leva immédiatement, poursuivant sa marche avec plus de hâte, jusqu’à atteindre le sommet de la montagne.

Alors qu’il approchait, deux hommes, Timoré¹ et Méfiance, vinrent à sa rencontre en courant dans le sens inverse. — Pourquoi revenez-vous en arrière ? leur demanda Chrétien.

Timoré — Nous nous rendions à la cité de Sion, ayant déjà surmonté les difficultés de ce défilé ; mais à mesure que nous avancions, les obstacles devenaient plus grands, au point qu’il nous a semblé plus prudent de revenir sur nos pas et d’abandonner notre entreprise.

Méfiance — C’est la stricte vérité. Un peu plus loin, nous avons vu deux lions sur le chemin ; qu’ils dormissent ou non, nous ne le savons pas, mais nous avons eu peur de nous en approcher, car ils pourraient nous mettre en pièces.

Chrétien — Vos paroles me font peur ; mais vers où pourrais-je fuir en toute sécurité ? Si je retourne dans mon pays, ma ruine est certaine, car cette terre est condamnée au feu et au soufre ; mais si j’atteins la Cité Céleste, je serai en sécurité pour toujours. Allons donc, ayons confiance ! Reculer, c’est courir à une mort certaine ; avancer, c’est seulement craindre la mort, mais avec la vie éternelle en perspective. Allons donc !

Et il continua son chemin, tandis que Timoré et Méfiance redescendaient la montagne.

Cependant, les paroles de ces deux hommes le troublaient, et, pour se rassurer et se consoler, il chercha son diplôme sur sa poitrine, mais ne le trouva pas ! Grande fut son angoisse et sa confusion de ne pas retrouver ce diplôme qui le consolait tant et qui était son laissez-passer pour entrer dans la Cité Céleste.

Il se souvint alors s’être endormi en chemin et, tombant à genoux, demanda pardon au Seigneur, puis revint sur ses pas pour chercher le document qu’il avait perdu. Pauvre Chrétien ! Qui pourrait exprimer l’amertume de son âme ? Il soupirait, versait des larmes abondantes, et se reprochait amèrement de s’être laissé vaincre par le sommeil dans un lieu destiné uniquement au repos temporaire des voyageurs.

Il scrutait attentivement chaque côté du chemin, à la recherche de son diplôme, et arriva ainsi à l’endroit où il s’était endormi. Là, sa douleur devint plus vive encore, et la blessure de son cœur s’aggrava en contemplant ce lieu qui lui rappelait un malheur si sensible (Apocalypse 2:4-5 ; 1 Thessaloniciens 5:6).

Il s’écria en ces termes : Misérable que je suis ! M’être endormi en plein jour ! Dormir au milieu de tant de dangers ! Céder ainsi à la chair et lui accorder du repos dans un lieu réservé au réconfort temporaire des pèlerins ! Ainsi en fut-il des Israélites qui, à cause de leurs péchés, furent contraints de rebrousser chemin vers la mer Rouge !

Malheureux que je suis ! Me voir obligé de revenir sur mes pas avec tant de peine, ce qui ne serait pas arrivé si je n’avais pas succombé à ce sommeil de péché. Combien serais-je avancé sur ma route à cette heure ! Me voilà obligé de parcourir trois fois un chemin que j’aurais dû faire une seule fois ; et, pire encore, je risque d’être surpris par la nuit, car le jour touche à sa fin ! Comme il m’aurait mieux valu résister au poids du sommeil !

Absorbé dans ces pensées, il arriva au lieu de repos. Il s’assit quelques instants, pour laisser libre cours à ses larmes, jusqu’à ce que, enfin, la Providence lui permit, en tournant les yeux autour du banc où il était assis, d’apercevoir son diplôme ; il le ramassa précipitamment et le remit contre sa poitrine.

Il m’est impossible de décrire la joie qui envahit cet homme en se voyant à nouveau en possession de ce précieux document, gage de sa vie et laissez-passer pour le port tant désiré. Il le serra contre son cœur, remercia Dieu de lui avoir permis de le retrouver, et, pleurant de joie, reprit sa marche, déjà souriant et léger, mais pas suffisamment pour que le coucher du soleil ne le surprenne avant d’atteindre le sommet de la montagne.

Funeste sommeil, disait Chrétien dans sa douleur, tu es la cause pour laquelle je dois désormais voyager de nuit. Le soleil ne m’éclaire plus. Mes pieds ne sauront plus où marcher, et mes oreilles n’entendront que les rugissements des bêtes nocturnes. Hélas ! C’est la nuit que les lions rencontrés par Timoré et Méfiance partent à la chasse. Si je les rencontre dans les ténèbres, qui me délivrera de leurs griffes ? (Apocalypse 3:2 ; 1 Thessaloniciens 5:7-8).

Tels étaient les pensées de Chrétien. Mais, levant les yeux, il aperçut un magnifique palais, situé juste en face du chemin, et appelé le Palais Beau.


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¹ qui a de la crainte ; qui a peur de se tromper ; craintif, timide. Quelqu’un qui se montre hésitant, réservé.


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