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samedi 26 juillet 2025

Le Pèlerin, semaine 7, dimanche, chapitre 20

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
À LA CITÉ CÉLESTE

CHAPITRE 20

SEMAINE 7 - DIMANCHE

Lire et prier : "À celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau, la bénédiction, l'honneur, la gloire et la puissance aux siècles des siècles !" (Ap 5:13)


Les pèlerins entrent dans la glorieuse cité de Dieu

Ces paroles rendirent Chrétien très pensif, c’est pourquoi Espérance ajouta : Confie-toi, frère, Jésus-Christ te guérira. En entendant cela, Chrétien s’écria à haute voix : Oui, je le vois, et j’entends qu’il me dit : "Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi ; et par les fleuves, ils ne te submergeront pas" (Ésaïe 43:2).

Ainsi ils s’encourageaient mutuellement, et l’ennemi ne put rien contre eux, de sorte qu’il les laissa, comme s’il était enchaîné, jusqu’à ce qu’ils aient traversé le fleuve. La profondeur des eaux diminuait, et bientôt ils trouvèrent un terrain où ils purent affermir leurs pieds.

Quelle grande consolation ils éprouvèrent en voyant de nouveau, sur la rive opposée, les deux Resplendissants qui, les saluant, leur disaient : Nous sommes des esprits administrateurs, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut (Hébreux 1:14). Et ils s’approchaient de plus en plus de la porte.

Il faut remarquer que la cité est bâtie sur une grande montagne, mais les pèlerins la gravissaient avec facilité, car ils étaient soutenus par le bras des Resplendissants ; de plus, ils avaient laissé derrière eux, dans le fleuve, leurs vêtements mortels. Ils montaient donc avec la plus grande agilité, bien que les fondements sur lesquels repose la cité fussent plus hauts que les nuages. Avec quel plaisir ils traversaient les diverses régions de l’atmosphère, parlant doucement entre eux, et remplis de consolation pour avoir traversé le fleuve en sécurité et pour avoir à leur service de si glorieux compagnons !

Qu’elles étaient agréables les conversations qu’ils avaient avec les Resplendissants ! Là, disaient-ils, il y a une gloire et une beauté ineffables ; là se trouve la montagne de Sion et la Jérusalem céleste, la compagnie de milliers d’anges et les esprits des justes parvenus à la perfection (Hébreux 12:22-24).

Vous êtes désormais proches du Paradis de Dieu, où vous verrez l’arbre de la vie et mangerez du fruit inaccessible. Vous recevrez, en entrant, des vêtements blancs, et votre commerce et votre entretien avec le Roi dureront aux jours de toute l’éternité (Apocalypse 2:7 ; 4:5 ; 22:5). Vous ne reverrez plus là ce que vous voyiez et ressentiez dans la région inférieure de la Terre, c’est-à-dire la douleur, la maladie, l’affliction et la mort, car tout cela est déjà passé (Ésaïe 65:16-17). Vous vous joindrez à Abraham, à Isaac, à Jacob et aux prophètes, que Dieu a délivrés du mal futur, et qui maintenant reposent dans leurs lits pour avoir marché dans la justice. Vous recevrez la consolation pour tous vos travaux et la joie pour toutes vos tristesses ; vous récolterez ce que vous avez semé, c’est-à-dire le fruit de toutes vos prières, de vos larmes et de vos souffrances que vous avez endurées pour le Roi sur le chemin de votre pèlerinage (Galates 6:7-8).

Vous porterez des couronnes d’or et jouirez de la vue perpétuelle et de la présence du SAINT, car là vous le verrez tel qu’il est (1 Jean 3:2).

Vous le servirez continuellement avec des louanges, avec des voix de joie et avec des actions de grâce. Celui que vous désiriez servir dans le monde avec beaucoup de difficulté, à cause de la faiblesse de votre chair. Vos yeux se réjouiront de la vue, et vous-mêmes de la douce voix du Très-Haut ; vous retrouverez la compagnie des amis qui vous ont précédés, et recevrez avec joie tous ceux qui vous suivront dans le lieu saint.

Il vous sera donné des vêtements de gloire et de majesté, et lorsque le Roi de gloire viendra sur les nuées, au son de la trompette, comme sur les ailes du vent, vous viendrez avec lui ; lorsqu’il s’assiéra sur le trône du jugement, vous vous assiérez à ses côtés ; lorsqu’il prononcera la sentence contre ceux qui ont commis l’iniquité, qu’ils soient anges ou hommes, vous aurez aussi voix dans ce jugement ; et lorsqu’il retournera à la cité, vous retournerez avec lui au son de la trompette et vous resterez avec lui pour toujours (1 Thessaloniciens 4:13-17 ; Jude 14-15 ; Daniel 7:9-10 ; 1 Corinthiens 6:2-3).

Quand ils approchaient de la porte, voici qu’une multitude des armées célestes vint à leur rencontre, demandant : Qui sont ceux-ci et d’où viennent-ils ? Les Resplendissants répondirent : Ce sont des hommes qui ont aimé notre Seigneur lorsqu’ils étaient dans le monde, et qui ont tout quitté pour son saint nom ; il nous a envoyés pour les amener ici, et nous les avons accompagnés dans leur voyage désiré, afin qu’ils entrent et contemplent leur Rédempteur face à face, avec une grande joie. Et les armées célestes élevèrent des voix de jubilation et s’écrièrent : Bienheureux ceux qui sont appelés au festin des noces de l’Agneau. (Apocalypse 19:9).

En entendant ces paroles, les musiciens du Roi jouèrent sur leurs instruments de douces mélodies, qui résonnaient dans les cieux, et avec des voix et des gestes de joie, chantant et faisant résonner leurs instruments, ils saluèrent mille fois ceux qui venaient du monde. Certains se placèrent à droite, d’autres à gauche, d’autres en avant, d’autres derrière, comme pour les accompagner et les soutenir dans les régions supérieures, remplissant les espaces de sons mélodieux, de sorte qu’il semblait que le ciel lui-même était venu les recevoir ; c’était la plus belle marche triomphale qui se soit jamais vue.

Tout montrait aux deux pèlerins combien ils étaient les bienvenus dans la cité, et avec quelle joie ils étaient reçus. Ils l’apercevaient déjà, ils entendaient déjà les joyeuses sonneries de toutes les cloches qui saluaient leur arrivée. Oh ! Quels joyeux et sublimes sentiments les saisissaient en voyant la jubilation de la cité, la compagnie dont ils allaient jouir, et pour toujours ! Quelle langue ou quelle plume pourrait les exprimer ?

Les voici arrivés à la porte de la cité, sur laquelle ils virent gravées, en lettres d’or, les paroles suivantes : "Bienheureux ceux qui lavent leurs robes dans le sang de l’Agneau, afin d’avoir droit à l’arbre de la vie et d’entrer par les portes dans la cité." (Apocalypse 22:14).

Ils frappèrent fortement, et aussitôt apparurent au-dessus de la porte les visages de ceux qui y demeuraient… Énoch, Moïse, Élie… qui, demandant qui frappait, reçurent cette réponse : Ce sont deux pèlerins qui sont venus de la cité de la Destruction, par amour pour le Roi de ce lieu.

Alors, chacun des pèlerins remit le parchemin qu’il avait reçu au commencement, et, ces documents ayant été portés au Roi et lus par lui, il ordonna d’ouvrir les portes aux pèlerins, afin que le peuple juste, gardien de la vérité, entre. (Ésaïe 26:2).

Je les vis alors entrer, et, après avoir franchi la porte, ils furent transfigurés et reçurent des vêtements qui resplendissaient comme l’or, et des harpes et des couronnes qui leur furent remises, afin qu’avec les premières ils entonnent des louanges, et que les secondes leur servent de signe d’honneur.

J’entendis de nouveau sonner les cloches de la cité, en signe de réjouissance, tandis que les ministres du Roi disaient aux pèlerins : "Entrez dans la joie de notre Seigneur !" (Matthieu 25:23). Et ils répondirent avec joie et effusion : "À celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, la bénédiction, l’honneur, la gloire et la puissance aux siècles des siècles !" (Apocalypse 5:13).

Je profitai du moment où les portes s’ouvraient pour qu’ils passent, et je regardai à l’intérieur ; voici que je vis la cité qui brillait comme le soleil ; les rues étaient pavées d’or, et une multitude d’hommes y marchait, ayant des couronnes sur la tête, des palmes et des harpes d’or dans les mains, chantant des louanges.

Je vis aussi que certains avaient des ailes et chantaient sans interruption : "Saint, Saint, Saint est le Seigneur." Et on referma les portes, et je restai dehors, plein de chagrin, car je désirais entrer et jouir des choses que j’avais vues.

Ce fut dommage que mon rêve ne se terminât pas avec d’aussi douces impressions. Après que les portes furent fermées, je regardai en arrière et vis Ignorance, qui arrivait au bord du fleuve ; il le traversa rapidement et sans la moitié des difficultés qu’avaient rencontrées les pèlerins. Et cela arriva ainsi, car il y avait là une petite barque appelée Vaine-Espérance, qui l’aida à traverser.

Ignorance monta aussi la montagne en direction de la porte, mais personne ne vint à sa rencontre pour l’aider, ni pour lui adresser une parole d’encouragement ou de consolation. Arrivé à la porte, il regarda l’inscription qui la surmontait. Il commença à frapper, supposant qu’on lui ouvrirait l’entrée, mais ceux qui apparurent au-dessus de la porte lui demandèrent d’où il venait et ce qu’il voulait.

Ignorance répondit : J’ai mangé et bu en présence du Roi, et il a enseigné dans nos rues. Donnez-moi alors le diplôme pour le montrer au Roi. Ignorance chercha dans son sein, mais ne trouva rien. Il n’avait aucun diplôme. Ils lui dirent donc : Tu n’as pas de diplôme ? Ignorance ne répondit rien.

Ayant été informé de ce qui se passait, le Roi ordonna aux Resplendissants de lier Ignorance pieds et mains et de le jeter dehors ; et je vis qu’ils le portaient par les airs jusqu’à la porte que j’avais vue au flanc de la montagne, et que de là ils le précipitèrent¹.

Je fus surpris ; mais cela me servit d’importante leçon, car j’appris que de la porte du ciel il y a un chemin vers l’enfer¹, de la même manière qu’il y en a un depuis la cité de la Destruction.

Et là-dessus… je me réveillai, et je vis que tout avait été un rêve.


______________________

¹ Enfer : nous voyons dans tout le livre un fort concept d’arminianisme, un courant théologique articulé pour la première fois par Jacobus Arminius au début du XVIIe siècle, aux Pays-Bas, donc antérieur à John Bunyan, auteur de ce livre. Arminius, bien qu’ayant initialement étudié avec Théodore de Bèze (successeur de Jean Calvin), développa ses propres idées, notamment sur le libre arbitre humain et l’expiation universelle.

Pour les arminiens, un croyant peut s’éloigner de la foi au point de perdre son salut, ce que la Bible n’enseigne pas. Le plus grand manque chez les croyants qui soutiennent cette idée d’Arminius est de ne pas comprendre l’enseignement du royaume des cieux. Pour eux, le royaume millénaire et la Nouvelle Jérusalem se confondent.


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jeudi 24 juillet 2025

Le Pèlerin, semaine 6, vendredi, chapitre 19

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
À LA CITÉ CÉLESTE

CHAPITRE 19

SEMAINE 6 - VENDREDI

Lire et prier : "Lorsque tu te détourneras à droite et lorsque tu te détourneras à gauche, tes oreilles entendront derrière toi une parole disant : Voici le chemin, marchez-y." (Es 30:21)


Les pèlerins parlent de Temporaire

Espérance - Je suis d’accord. Je crois que tu as dit la vérité. Mais dis-moi : ne sommes-nous pas encore sortis du terrain enchanté ?

Chrétien - Tu es ennuyé par notre conversation ?

Espérance - Non, mais je voulais savoir où nous sommes.

Chrétien - Il nous reste encore près d’une lieue pour sortir de ce terrain. Mais, revenant au sujet : les ignorants ne savent pas que ces convictions, qui les effraient, sont pour leur bien et c’est pourquoi ils cherchent à les noyer.

Espérance - Et comment cherchent-ils à le faire ?

Chrétien :

1º) Ils croient que ces peurs sont l’œuvre du démon (alors qu’elles viennent en réalité de Dieu), et c’est pourquoi ils y résistent avec ce qui tend directement à leur ruine.

2º) Ils pensent aussi que ces peurs tendent à nuire à leur foi, alors que (malheureux qu’ils sont !) ils n’en ont aucune, et ainsi ils endurcissent leurs cœurs contre elles.

3º) Ils supposent qu’ils ne doivent pas avoir peur, et donc, malgré leurs craintes, ils deviennent vainement confiants \[Jr 17:5].

4º) Ils estiment que ces peurs tendent à avilir leur propre sainteté, ancienne et misérable, et c’est pourquoi ils leur résistent de toutes leurs forces.

Espérance - J’ai moi-même expérimenté certaines de ces choses, car avant d’être convaincu je suis passé par ce que tu viens de dire.

Chrétien - Bien. Laissons pour l’instant notre voisin Ignorance, et passons à autre chose d’utile.

Espérance - De bon cœur. Propose cette nouvelle question.

Chrétien - As-tu connu dans ton pays, il y aura \[il y avait] dix ans, un certain Temporaire, qui était à cette époque un homme assez fervent en religion ?

Espérance - Parfaitement. Je ne l’ai pas encore oublié : il vivait à Sans-Grâce, un village situé à environ une demi-lieue d’Honnêteté, dans une maison à côté de celle d’un certain Recul.

Chrétien - C’est bien cela. Il vivait avec lui sous le même toit. Eh bien, ce Temporaire était autrefois très bien engagé. Je crois qu’à cette époque il avait quelque conviction de ses péchés et du stipendium \[châtiment] qui leur est dû.

Espérance - Je m’en souviens parfaitement. Sa maison n’était pas à plus d’une lieue de la mienne, et il est venu souvent me voir, baigné de larmes. Il me peinait, et je n’avais pas entièrement perdu les espérances que je fondais sur lui. Mais il est clair que tous ceux qui crient "Seigneur !" ne sont pas chrétiens.

Chrétien - Temporaire m’a dit une fois qu’il était résolu à devenir pèlerin, comme nous le sommes maintenant, mais il a fait la connaissance d’un certain Salut-Propre et a rompu mon amitié depuis lors.

Espérance - Puisque nous parlons de lui, examinons la raison de son apostasie soudaine, et celle d’autres comme lui.

Chrétien - Cet examen peut être très utile. Mais maintenant, c’est à toi de commencer.

Espérance - À mon avis, les raisons sont au nombre de quatre :

1ª) Bien que les consciences de ces hommes soient éveillées¹, leurs cœurs n’ont aucune différence. Ainsi, lorsque le pouvoir du péché² prend fin, prend également fin la raison qui les avait poussés à devenir religieux et ils reviennent naturellement à leurs anciennes habitudes, comme nous voyons le chien retourner à son vomi et la truie lavée se vautrer dans la boue (II Pierre 2:22).

Ils cherchent avidement le ciel, seulement parce qu’ils comprennent et craignent les tourments de l’enfer : mais dès que cette appréhension et cette peur se refroidissent et s’affaiblissent, se refroidissent et s’affaiblissent aussi les désirs qu’ils avaient du ciel, du salut, et donc, une fois passés le délit et la crainte, ces désirs cessent et ils retournent à leurs anciennes habitudes.

2ª) Une autre raison est que ces peurs ne viennent pas de Dieu, mais des autres hommes, et la crainte de l’homme est un piège. De sorte que, paraissant avides du ciel, tant que rugissent autour d’eux les flammes de l’enfer, dès que cette terreur passe, d’autres pensées leur viennent, telles qu’il est bon d’être prudent et qu’il n’est pas très sage de se jeter dans des afflictions inutiles, retournant ainsi faire la paix avec le monde.

3ª) Il arrive aussi que la honte mal comprise, qui accompagne souvent la religion, leur serve de scandale : ils sont orgueilleux et hautains, et la religion est vile et méprisable à leurs yeux : et c’est pourquoi, une fois perdu le sentiment de malheur et de la colère à venir, ils retournent à leur ancienne manière de vivre.

4ª) L’idée du péché les afflige beaucoup, et ils y pensent avec terreur : ils n’aiment pas contempler leurs misères, car, bien que la première considération les ait amenés à se réfugier là où se réfugient les justes, et où ils seraient en sécurité, comme ils attribuent ces pensées au péché et à la terreur, une fois qu’ils deviennent insensibles à leurs convictions et à la crainte de la colère de Dieu, ils endurcissent volontairement leurs cœurs et choisissent précisément les chemins qui contribuent le plus à cet endurcissement.

Chrétien - Je crois que tu parles avec beaucoup de justesse, car la cause principale est l’absence d’un changement dans leur cœur et leur volonté, ce qui les rend semblables à l’accusé qui, lorsqu’il est en présence du juge, tremble et semble se repentir du fond du cœur, alors que la seule cause qui le meut est la crainte du gibet \[de la potence] et non l’horreur du crime commis. Donne la liberté à cet accusé, et tu le verras continuer à tuer et à voler comme auparavant : mais si son cœur avait changé, sa conduite aurait changé également.

Espérance - Puisque je t’ai exposé les raisons du retour de ces hommes à l’ancien, explique-moi maintenant la manière dont ce manquement se produit.

Chrétien - Je te le dis :

1º) Ils détournent leurs pensées, quand cela leur est possible, de la méditation et du souvenir de Dieu, de la mort et du jugement futur.

2º) Ils abandonnent peu à peu, et progressivement, leurs devoirs³ particuliers, tels que : la prière, le frein des convoitises, la vigilance sur eux-mêmes, la douleur des péchés, etc.

3º) Ils se refroidissent dans l’accomplissement des devoirs³ publics, tels que : la lecture et la prédication de la parole, la fréquentation d’autres chrétiens, etc.

4º) Ils commencent à censurer les personnes pieuses, et cela d’une manière infernale, pour avoir une excuse apparente de rejeter la religion, sous prétexte de certaines faiblesses qu’ils ont découvertes chez ceux qui la professent.

5º) Ils commencent à adhérer et à s’associer à des hommes charnels, lubriques \[sensuels, charnels] et légers.

6º) Ensuite, ils se livrent secrètement à des conversations charnelles et légères, estimant voir faire de même certains qui sont réputés honorables, afin de justifier leur conduite et de pouvoir continuer plus hardiment.

7º) Enfin, ils commencent à se moquer ouvertement de certains péchés, disant qu’ils sont de peu d’importance, et :

8º) En s’endurcissant ainsi, ils se manifestent tels qu’ils sont. Et ainsi, jetés dans l’abîme de la misère, si un miracle de la grâce ne l’évite, ils périssent pour toujours dans leurs propres illusions.


__________________________

¹ Pour Dieu, la conscience d’un incrédule est morte, car elle ne lui permet pas de connaître son état de péché. Si quelqu’un qui n’a pas cru au Seigneur est sensible, il cherchera à aider les gens et à ne pas faire de mauvaises choses selon son concept naturel, mais sa conscience est incapable de le conduire à la repentance.

² Christ a détruit le pouvoir du péché à la croix, mais c’est un fait objectif, cela ne signifie pas qu’après avoir cru au Seigneur nous sommes libres du péché. Dans notre expérience humaine, chaque fois que notre consécration cesse, le pouvoir du péché est présent. Il en sera ainsi jusqu’au retour du Seigneur (Rm 6:12-14).

³ Seulement un sentiment d’accomplir le devoir n’est pas capable de nous maintenir dans le Chemin. Comme le dit le cantique ci-dessous, nous avons besoin d’être attirés par la beauté et la valeur du Seigneur :

"Pourquoi ai-je quitté dans le monde
Mes idoles, sans douleur ?
Ce n’était pas par devoir – j’avais
La vision de Sa valeur."


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Le Pèlerin, semaine 6, jeudi, chapitre 19

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
À LA VILLE CÉLESTE

CHAPITRE 19

SEMAINE 6 - JEUDI

Lire et prier : "Cet amour n’a pas de crainte, car l’amour parfait chasse toute crainte. Si nous avons peur, c’est parce que nous craignons le châtiment, et cela montre que nous n’avons pas encore pleinement expérimenté l’amour." (1 Jn 4:18)


Les pèlerins parlent de nouveau avec Ignorance (2)

Ignorance - Juges-tu que je sois si insensé que je suppose que Dieu ne voit que ce que je vois, ou que j’oserais me présenter devant Lui avec la meilleure de mes œuvres ?

Chrétien - Si tu ne juges pas cela, que juges-tu donc ?

Ignorance - En peu de mots je vais le dire : Je crois qu’il est nécessaire d’avoir foi en Christ pour être justifié.

Chrétien - Comment ? Penses-tu que tu peux avoir foi en Christ sans voir ton besoin de Lui, ni connaître tes faiblesses originelles et actuelles, ayant au contraire, à ton sujet et à propos de ce que tu fais, une opinion telle qui prouve clairement que tu n’as jamais reconnu le besoin de la justice personnelle de Christ pour te justifier devant Dieu ? Comment peux-tu dire : "Je crois en Christ" ?

Ignorance - Je crois, et suffisamment, malgré tout cela.

Chrétien - Et comment crois-tu ?

Ignorance - Je crois que Christ est mort pour les pécheurs, et que je serai justifié devant Dieu et libéré de la malédiction, s’Il accepte mon obéissance à Sa loi. En d’autres mots : Christ fait que mes devoirs religieux soient acceptés par le Père, en vertu de Ses mérites, et ainsi je suis justifié.

Chrétien - Permets-moi de m’opposer à ta profession de foi.

1º) Tu as une foi imaginaire, car une telle foi, je ne la trouve décrite nulle part dans la Parole de Dieu.

2º) Tu as une foi fausse, car tu mets de côté la justification par la justice personnelle de Christ, et tu appliques ta propre justice.

3º) Cette foi fait que Christ justifie non ta personne, mais tes actions, ce qui est faux.

4º) Enfin, ta foi est trompeuse, au point de te laisser sous la colère du Dieu Très-Haut, car la vraie foi, qui justifie, fait que l’âme, convaincue de son état de perdition par la loi, cherche comme refuge la justice de Christ, justice qui ne consiste pas en un seul acte de grâce, où ton obéissance est acceptée par Dieu pour justification, mais dans l’obéissance personnelle de Christ à la loi, en souffrant pour nous ce qui nous est exigé. C’est cette justice que la vraie foi accepte, et qui couvre sous son manteau notre âme, laquelle se présente ainsi sans tache devant Dieu, étant acceptée et absoute de la condamnation.

Ignorance - Veux-tu donc que nous nous confiions simplement en ce que Christ a fait, sans que nous participions avec nos personnes ? Cette fantaisie donnerait libre cours à nos convoitises, et permettrait que nous vivions comme bon nous semblerait : car, qu’importe notre manière de vivre, si nous pouvions être entièrement justifiés par la justice personnelle de Christ, seulement en y croyant ?

Chrétien - Ignorance tu t’appelles, et tu le démontres bien dans cette réponse. Tu ignores ce qu’est la justice qui justifie, et tu ignores aussi comment tu dois délivrer ton âme, par cette foi, de la terrible colère de Dieu. Tu ignores les véritables effets de cette foi salvatrice dans la justice de Christ, qui sont : plier et gagner le cœur pour Dieu en Christ, aimant Son nom, Sa Parole, Ses voies et Son peuple, et non pas comme toi, dans ton ignorance, tu les imagines.

Espoir - Demande-lui si jamais Christ lui a été révélé.

Ignorance - Quoi ? Es-tu de ceux qui croient aux révélations ? Voyons ! Il me semble que ce que tu dis à ce sujet n’est rien d’autre que le fruit d’un cerveau dérangé.

Espoir - Homme ! Christ est en Dieu d’une manière si incompréhensible pour toute chair, que personne ne peut Le connaître d’une manière salvatrice, si Dieu le Père ne le lui révèle.

Ignorance - Ce sera ta croyance, mais pas la mienne, puisque je ne doute pas que la mienne soit aussi bonne que la tienne, bien que ma tête soit en meilleur état que la tienne.

Chrétien - Permets-moi d’entrer aussi dans la conversation. On ne doit pas parler si légèrement de ce sujet, car j’affirme résolument et catégoriquement que personne ne peut connaître Jésus-Christ si ce n’est par la révélation du Père. De plus : pour que la foi soit droite, elle doit être opérée par la grandeur suréminente de Sa puissance (Matthieu 11:27 : 1 Corinthiens 12:3 : Éphésiens 1:17-20).

Je vois, pauvre Ignorance, que tu ne sais rien de cette opération de la foi. Réveille-toi donc, reconnais ta propre misère, et recours au Seigneur Jésus, et par Sa justice, qui est la justice de Dieu (car Lui-même est Dieu), tu seras libre de la condamnation.

Ignorance - Vous allez trop vite ! Je ne peux pas vous accompagner à ce pas. Allez devant, je ne suis pas pressé.

Et il prit congé d’eux.

Alors Chrétien dit à son compagnon : Nous allons bien, Espoir. Il est clair que nous devons encore marcher seuls.

Ils accélérèrent le pas, tandis qu’Ignorance les suivait en boitant, et il entendit leur dialogue :

Chrétien - J’ai pitié de ce pauvre garçon !

Espoir - Malheureusement, il y en a beaucoup dans notre ville dans des circonstances identiques, des familles entières, des rues entières : et, s’il y en a tant dans notre ville, où tous sont pèlerins, que sera-ce dans le pays où Ignorance est né ?

Chrétien - Bien vraie est la parole : Il a fermé leurs yeux pour qu’ils ne voient pas...

Maintenant, cependant, que nous sommes encore seuls, dis-moi : Que penses-tu de ces hommes ? Crois-tu qu’ils aient jamais eu une conviction de péché, et qu’ils craignent, par conséquent, l’état de danger dans lequel ils se trouvent ?

Espoir - À cette question, personne mieux que toi ne saura répondre, car tu es plus compétent que moi.

Chrétien - Je suis d’avis qu’il est possible qu’ils le sentent une fois ou l’autre, mais, comme ils sont ignorants par nature, ils ne comprennent pas que cette conviction leur est utile, et cherchent à l’étouffer, par tous les moyens, continuant à se flatter eux-mêmes, dans la voie de leurs propres cœurs.

Espoir - En effet, je crois aussi, comme toi, que la crainte sert beaucoup pour le bien des hommes et pour les amener droit au commencement de leur pèlerinage.

Chrétien - Nous ne pouvons douter qu’elle soit bonne, car ainsi le dit la parole : "La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse" (Job 28:28 : Psaumes 111:10 : Proverbes 1:7 : 9:10).

Espoir - Comment pourra-t-on reconnaître la crainte qui est bonne¹ ?

Chrétien - La bonne crainte se reconnaît par trois choses :

1º) Par son origine : elle est causée par les convictions salvatrices du péché :

2º) Elle pousse l’âme à s’approcher de Christ pour le salut :

3º) Elle engendre et conserve dans l’âme un grand respect pour Dieu, pour Sa parole et Ses voies, la maintenant constante et tendre, et la faisant craindre de s’en détourner, d’un côté ou de l’autre, ou de faire quoi que ce soit qui puisse déshonorer Dieu, troubler sa paix, attrister le Saint-Esprit, ou donner occasion à l’ennemi de prendre quelque avantage.


________________

¹ Dans ce contexte, le mot "crainte" doit être compris comme un sentiment de respect, révérence et vénération. Dans la Bible, la peur ne vient pas de Dieu et est présentée comme un signe d’immaturité spirituelle (1 Jean 4:18).


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dimanche 20 juillet 2025

Le Pèlerin, semaine 6, mercredi, chapitre 19

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA CITÉ CÉLESTE

CHAPITRE 19

SEMAINE 6 - MERCREDI

Lire et prier : "Celui qui se tient à l'écart cherche ce qui lui plaît, il s'oppose à toute sagesse saine." (Prov. 18:1)


Les pèlerins reparlent avec Ignorance, et reconnaissent dans ses paroles le langage d’un chrétien seulement de nom.

Lorsque Espérance eut terminé le raisonnement que nous venons de rapporter, il regarda en arrière et, voyant Ignorance qui les suivait, dit à Chrétien :

Espérance - Ce jeune homme ne semble pas très désireux de nous rejoindre.

Chrétien - Je le vois bien. Notre compagnie ne lui plaît sûrement pas.

Espérance - Je pense la même chose. Toutefois, attendons-le.

Et c’est ce qu’ils firent. Dès que le jeune homme se rapprocha, Chrétien lui demanda pourquoi il venait si lentement.

Ignorance - J’aime beaucoup marcher seul, surtout quand la compagnie ne me plaît pas.

Chrétien - (À l’oreille d’Espérance) : Ne t’avais-je pas dit qu’il n’aimait pas notre compagnie ?

(Haut, à Ignorance) : Allons, approche-toi de nous, et profitons du temps dans une conversation utile. Dis-moi, comment vas-tu ? Comment sont tes relations entre Dieu et ton âme ?

Ignorance - Je suppose qu’aussi bonnes que possible. J’ai toujours de bonnes pensées qui me viennent à l’esprit pour me consoler dans mon pèlerinage.

Chrétien - Et quelles sont ces pensées ?

Ignorance - Je pense à Dieu et au ciel.

Chrétien - Les démons et les âmes damnées pensent aussi comme toi !

Ignorance - Mais moi, je médite sur ces pensées et je désire les accomplir.

Chrétien - Beaucoup font de même sans aucune probabilité d’arriver à Dieu ni au ciel. L’âme du paresseux désire et n’obtient rien (Prov. 13:4).

Ignorance - Mais je pense à ces choses et je laisse tout pour elles.

Chrétien - J’en doute fort, car tout abandonner est bien plus difficile que beaucoup ne le pensent. Mais dis-moi : sur quoi te fondes-tu pour penser que tu as tout abandonné pour Dieu et pour le ciel ?

Ignorance - C’est mon cœur qui me l’assure.

Chrétien - Le sage dit que celui qui se confie en son cœur est un insensé (Proverbes 28:26).

Ignorance - C’est quand le cœur est mauvais ; le mien, par contre, est bon.

Chrétien - Et comment peux-tu le prouver ?

Ignorance - Je me console avec des espérances célestes.

Chrétien - Cela aussi peut être trompeur : car le cœur peut nous consoler avec l’espoir de ce qui n’a aucun fondement.

Ignorance - Mais mon cœur et ma vie sont parfaitement en harmonie, c’est pourquoi je crois que mon espérance est bien fondée.

Chrétien - Qui t’a dit que ton cœur et ta vie étaient en harmonie ?

Ignorance - Mon cœur.

Chrétien - Ton cœur ! Si la parole de Dieu ne rend pas témoignage à ce sujet, tout autre témoignage est dépourvu de valeur.

Ignorance - Alors, un cœur qui a de bons sentiments n’est-il pas bon ? Une vie conforme aux commandements de Dieu n’est-elle pas bonne ?

Chrétien - C’est vrai : un cœur qui a de bonnes pensées est bon, et une vie qui est en harmonie avec les commandements de Dieu est bonne ; mais il faut noter qu’une chose est de les avoir, et une autre est de croire qu’on les a.

Ignorance - Dis-moi donc : que comprends-tu par bonnes pensées et par conformité de vie avec les commandements de Dieu ?

Chrétien - Il y a différents types de bonnes pensées : certaines à notre sujet, d’autres à propos de Dieu, et d’autres encore sur diverses choses.

Ignorance - Quelles sont les bonnes pensées à notre sujet ?

Chrétien - Celles qui sont conformes à la parole de Dieu.

Ignorance - Quand nos pensées à notre sujet sont-elles conformes à la parole de Dieu ?

Chrétien - Quand nous jugeons de nous-mêmes comme cette parole nous juge. Je m’explique mieux. La parole de Dieu dit, en parlant de ceux qui sont dans un état naturel, qu’il n’y a pas un seul juste, qu’il n’y a personne qui fasse le bien. Elle dit aussi que toutes les pensées du cœur de l’homme ne sont que mal (Genèse 8:21).

Donc, quand nous pensons ainsi à notre sujet, et que nous le sentons vraiment, nos pensées sont bonnes, car elles sont en harmonie avec la parole de Dieu.

Ignorance - Je ne croirai jamais que mon cœur soit si mauvais.

Chrétien - C’est pourquoi tu n’as jamais eu, de toute ta vie, une bonne pensée. De même que la parole de Dieu juge nos chemins, et quand les pensées de nos cœurs et nos chemins s’accordent avec le jugement que la parole en donne, les deux sont bons, car ils sont conformes à elle.

Ignorance - Explique-moi le sens de ces paroles.

Chrétien - La parole de Dieu dit que les voies de l’homme sont détournées, qu’elles ne sont pas bonnes mais perverses ; elle dit que les hommes, par nature, s’écartent du chemin, qu’ils ne l’ont même pas connu (Psaumes 125:5 ; Proverbes 2:15 ; Romains 3:12-17). Eh bien, quand un homme pense ainsi de ses voies, c’est-à-dire, quand il pense avec des sentiments d’humiliation du cœur, c’est alors qu’il a de bonnes pensées au sujet de ses propres voies.

Ignorance - Et quelles sont les bonnes pensées à propos de Dieu ?

Chrétien - De la même manière, celles qui s’accordent avec ce que la parole de Dieu nous dit à propos de Dieu, quand nous pensons à son être, à ses attributs, tels que la parole nous l’enseigne. À ce sujet, toutefois, je ne peux pas m’étendre maintenant. En parlant seulement de Dieu dans ses relations avec nous, nous avons de bonnes et justes pensées quand nous pensons qu’Il nous connaît mieux que nous-mêmes, et qu’Il peut voir le péché en nous, même quand nous ne pouvons pas le voir du tout ; quand nous pensons qu’Il connaît nos pensées les plus intimes et que ce qui est le plus caché dans notre cœur est toujours à nu devant ses yeux ; quand nous pensons que toutes nos justices sont une abomination devant Lui, et que, par conséquent, Il ne peut admettre que nous nous présentions devant Lui en nous confiant dans nos œuvres, même les meilleures.


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mercredi 16 juillet 2025

Le Pèlerin, semaine 5, vendredi, chapitre 17

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA VILLE CÉLESTE

CHAPITRE 17

SEMAINE 5 - VENDREDI

Lire et prier : "Si tu vois un homme qui se croit sage, il y a plus à espérer d’un insensé que de lui." (Pr 26:12)


La conversation avec Ignorance
et la situation terrible de Revenir-En-Arrière

Et de nouveau je m’endormis et recommençai à rêver. Je vis les deux pèlerins descendre des montagnes par le chemin qui mène à la ville.

Plus bas dans les montagnes, il y a un pays appelé Idées-Fantastiques, duquel sort, vers la route empruntée par les pèlerins, un sentier tortueux. Ils y rencontrèrent un jeune homme, à moitié idiot, qui venait de ce pays. Il s’appelait Ignorance. Chrétien lui demanda d’où il venait et où il allait, il répondit :

Ignorance - Je suis natif de ce pays qui se trouve à main gauche, et je vais à la Ville Céleste.

Chrétien - Et comment crois-tu pouvoir y entrer ? Il se peut que tu rencontres quelque difficulté à la porte.

Ignorance - J’y entrerai comme le font les autres gens de bien.

Chrétien - Que peux-tu présenter pour qu’on te permette l’entrée ?

Ignorance - Je connais la volonté de mon Seigneur, et j’ai vécu honnêtement ; je rends à chacun ce qui lui revient, je prie, je jeûne, je paie la dîme, je donne l’aumône, et j’ai quitté ma patrie pour me diriger vers la Ville Céleste.

Chrétien - Mais tu n’es pas entré par la porte qui se trouve au début de ce chemin. Tu as suivi le sentier tortueux, et c’est pourquoi je crains que, même si tu penses du bien de toi-même, au jour du jugement, quand tu tenteras d’entrer dans la ville, on t’accuse de voleur et de brigand.

Ignorance - Messieurs, vous m’êtes complètement étrangers, je ne vous connais pas. Suivez la religion de votre pays, moi je suivrai celle du mien, et j’espère que tout ira bien pour chacun de nous.

Quant à la porte dont vous parlez, tout le monde sait qu’elle est très éloignée de notre pays, et je ne crois pas qu’il y ait quelqu’un chez nous qui connaisse le chemin qui y conduit. Et ce n’est pas une raison de s’inquiéter, car, comme vous le voyez, nous avons un raccourci agréable qui rejoint cette route.

Chrétien, voyant que cet homme se croyait sage, dit à voix basse à Espérance : "Il y a plus d’espoir pour un insensé que pour lui" (Pr 26:12) ; et il ajouta : "Il manque d’intelligence, et à chacun il montre qu’il est un fou" (Ec 10:3). Qu’en dis-tu ? Continuons-nous de lui parler, ou hâtons-nous et laissons-le réfléchir à ce que nous lui avons dit, en l’attendant ensuite, pour voir si, peu à peu, nous pourrons lui faire du bien ?

Espérance - Je pense comme toi ; il ne convient pas de tout lui dire d’un coup ; laissons-le seul pour l’instant, et nous lui parlerons de nouveau quand l’occasion se présentera. Ils s’avancèrent donc, et Ignorance continua un peu plus loin derrière eux. Ils avaient à peine marché qu’ils arrivèrent à un endroit très étroit et sombre, où ils virent un homme lié avec de grosses cordes, traîné par sept démons qui le ramenaient vers la poterne qu’ils avaient vue au pied de la montagne.

Une grande frayeur s’empara de nos pèlerins en assistant à ce spectacle. Malgré cela, quand les démons passèrent avec cet homme, Chrétien le regarda attentivement, pensant reconnaître un certain Volta-Atrás, qui habitait la ville de l’Apostasie ; mais il ne put voir son visage car il marchait tête baissée, comme un voleur pris sur le fait. Une fois passé, Espérance vit qu’il portait sur le dos une pancarte disant : Chrétien licencié, et apostat maudit. Chrétien dit alors à son compagnon :

Je vais maintenant te raconter une histoire qu’on m’a rapportée au sujet d’un homme de cette région. Il s’appelait Pouca-Fé, mais c’était un homme très respectable et il vivait dans la ville de la Sincérité.

Près de l’entrée du passage étroit que nous traversons, débouche un sentier venant de la porte du chemin large, qui s’appelle Sentier-des-Morts, à cause des nombreux assassinats qui s’y commettent. Ce Pouca-Fé, en pèlerinage comme nous, s’était assis là par hasard, et s’endormit. À ce moment-là descendaient par le sentier trois bandits connus : Lâcheté, Méfiance et Culpabilité, tous frères, qui, découvrant Pouca-Fé endormi, coururent vers lui. À ce moment, le malheureux pèlerin se réveillait et s’apprêtait à reprendre son chemin.

Dès que les trois l’atteignirent, ils lui ordonnèrent de s’arrêter d’un ton menaçant. Pouca-Fé pâlit et n’eut ni la force de fuir ni celle de se défendre. Alors Lâcheté s’écria : Donne-nous ta bourse. Et comme le pèlerin tardait à obéir (car cela lui coûtait de perdre son argent), Méfiance s’élança, lui mit la main dans la poche et en tira une petite bourse pleine d’argent. Pouca-Fé cria de toutes ses forces qu’on le volait, mais Culpabilité, tenant une formidable massue, lui asséna un coup si violent sur la tête qu’il tomba à terre, inondé de sang.

Les voleurs entouraient leur victime, mais soudain, entendant des pas approcher et craignant qu’il ne s’agisse de Grand-Grâce, de la ville de Bonne Espérance, ils s’enfuirent à toute allure, abandonnant le pauvre homme.

Espérance - Et ils lui prirent tout ce qu’il avait de précieux ?

Chrétien - Non. Ils négligèrent l’endroit où il avait caché ses bijoux, mais, d’après ce qu’on m’a raconté, le pauvre homme ressentit vivement le vol, car les bandits lui avaient pris presque tout l’argent qu’il avait pour les dépenses ordinaires. Il est vrai qu’il lui restait encore quelques petites pièces, mais elles ne suffisaient pas pour les frais du voyage.

De plus : On m’a dit qu’il dut mendier pour pouvoir vivre, car il ne lui était pas permis de se défaire de ses bijoux. Pourtant, malgré les aumônes, il continua sa route, presque toujours le ventre vide (1 Pi 1:18).

Espérance - Je trouve très étrange qu’ils ne lui aient pas pris le parchemin qui devait lui permettre d’entrer dans la Ville Céleste.

Chrétien - C’est effectivement étrange, mais s’ils ne le lui ont pas pris, ce n’est pas grâce à sa ruse, car il fut si terrifié par l’attaque des trois brigands qu’il n’eut ni force ni habileté pour cacher quoi que ce soit. Ce fut plus la providence que ses propres efforts qui lui permit de conserver un document aussi précieux.


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