CHAPITRE 4
SEMAINE 1 – SAMEDI
Lire et prier : « Entrez par la porte étroite (car large est la porte, et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et nombreux sont ceux qui y entrent), car étroite est la porte, et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux sont ceux qui le trouvent. » (Matthieu 7:13,14)
Peu après, Chrétien arriva, plein d’enthousiasme, au pied de la tant désirée porte étroite, sur laquelle était écrit ce distique : « Frappez, et l’on vous ouvrira » (Matthieu 7:7).
Il frappa à plusieurs reprises, disant : Me sera-t-il permis d’entrer maintenant ? Celui qui est à l’intérieur voudra-t-il me recevoir, moi, misérable pécheur, bien que j’aie été rebelle et que je ne mérite rien ? Oh ! si je parviens à entrer, je chanterai éternellement ses louanges dans les lieux célestes.
Finalement, une personne nommée Bonne Volonté s’approcha de la porte et demanda : Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Que veux-tu ?
Chrétien – Seigneur, je suis un pauvre pécheur, fatigué et chargé. Je viens de la ville de la Destruction, et je me dirige vers la montagne de Sion pour échapper à la colère à venir. On m’a dit, homme honorable, que pour continuer mon chemin je devais entrer par cette porte, et je voudrais savoir si tu m’autorises à entrer.
Bonne Volonté – Eh bien ! de tout cœur. – Et en disant cela, il lui ouvrit la porte. Quand Chrétien allait entrer, Bonne Volonté le poussa vigoureusement à l’intérieur.
Chrétien – Que signifie cela ?
Bonne Volonté – Il y a ici, près du château dont le gouverneur est Bélial, qui, avec ses soldats, tire continuellement des flèches sur ceux qui s’approchent de cette porte, afin de les tuer avant qu’ils n’entrent.
Chrétien – Je me réjouis autant que je tremble en sachant que j’ai couru un tel danger.
Bonne Volonté – Maintenant que tu es en sécurité et tranquille, réponds-moi : Qui t’a envoyé ici ?
Chrétien – C’est le Seigneur Évangéliste, qui m’a dit : Va là-bas et frappe à la porte ; là, on te dira ce que tu dois faire.
Bonne Volonté – Tu as une porte ouverte que personne ne pourra te fermer.
Chrétien – Que je suis heureux ! Je commence à récolter le fruit de ma hardiesse.
Bonne Volonté – Alors, es-tu venu seul ?
Chrétien – Oui, car aucun de mes voisins n’a compris, comme moi, le danger dans lequel il se trouvait.
Bonne Volonté – Mais certains savaient-ils que tu partais ?
Chrétien – D’abord, ma femme et mes enfants, qui ne voulaient pas me laisser partir ; puis à leurs cris se sont joints plusieurs voisins qui m’appelaient aussi à grands cris ; mais je me suis bouché les oreilles et j’ai poursuivi mon chemin.
Bonne Volonté – Et personne ne t’a suivi pour te conseiller de rentrer chez toi ?
Chrétien – Obstiné et Souple m’ont suivi, mais lorsqu’ils ont vu que leurs efforts étaient vains, ils m’ont abandonné – le premier en m’accablant d’injures et le second peu après.
Bonne Volonté – Et pourquoi le second n’est-il pas venu avec toi ?
Chrétien – Quand nous sommes arrivés au Marais du Doute, nous sommes tombés tous deux dans la boue, et mon voisin, effrayé, n’a pas osé affronter d’autres dangers. Il est sorti du marais du côté le plus proche de sa maison, en me disant qu’il me laissait la pleine possession du pays béni. Ensuite, il a suivi les traces d’Obstiné, et moi, j’ai poursuivi ma route en direction de cette porte.
Bonne Volonté – Quel malheur pour ton voisin ! La gloire céleste a pour lui si peu de valeur qu’il ne juge pas bon de s’exposer à quelques dangers pour l’obtenir.
Chrétien – Seigneur, ce que j’ai dit à propos de Souple est vrai ; mais si l’on compare sa conduite à la mienne… je ne sais lequel est le pire. Moi aussi, je me suis écarté de ce chemin pour suivre celui de la mort, car j’ai prêté l’oreille aux arguments charnels d’un certain monsieur Savoir-Selon-le-Monde.
Bonne Volonté – Que dis-tu ! Tu l’as rencontré ? Et ensuite ? Sans doute t’a-t-il conseillé de chercher ton soulagement et ton repos entre les mains de monsieur Légalité ? Quels deux imposteurs ! Et as-tu suivi son conseil ?
Chrétien – Je l’ai suivi autant que j’ai pu. J’allais en direction de ce monsieur Légalité ; mais lorsque je suis arrivé au pied de la montagne proche de sa maison, j’ai eu peur qu’elle ne s’écroule sur moi, et je me suis arrêté.
Bonne Volonté – Ah ! Le nombre de morts dont cette montagne est responsable est incalculable ! Et combien en causera-t-elle encore ! Heureux es-tu d’avoir échappé à l’écrasement.
Chrétien – C’est vrai, c’est vrai, qui sait ce qu’il serait advenu de moi si, à ce moment d’incertitude et de crainte, l’Évangéliste ne m’était pas apparu ? Sans lui, jamais je ne serais arrivé ici. Mais, par bonheur, me voici tel que je suis, et sûrement plus digne d’avoir été écrasé par la montagne que de te parler en ce moment. Tu m’as fait une grande faveur en m’ouvrant la porte, après tout ce que je t’ai raconté.
Bonne Volonté – Nous ne faisons de difficulté à personne, quelle qu’ait été sa vie passée. Nous ne rejetons personne (Jean 6:37). Je vais maintenant te donner quelques indications concernant le chemin que tu dois suivre. Regarde là-bas. Vois-tu un chemin étroit ? C’est par là que tu dois passer. Les Patriarches, les Prophètes, le Christ et les Apôtres sont tous passés par là : c’est un chemin droit comme une ligne.
Chrétien – Alors, il n’y a pas de détours ni de faux chemins dans lesquels un étranger pourrait se perdre ?
Bonne Volonté – Si, il y a beaucoup de carrefours, et de nombreux raccourcis assez larges ; mais la règle pour reconnaître le vrai chemin est celle-ci : toujours droit et étroit (Matthieu 7:14).
Selon ce que j’ai vu dans mon songe, il lui demanda ensuite :
Chrétien – Ne pourrai-je pas être soulagé du poids de ce fardeau que je porte sur le dos ? Si personne ne m’aide, il me sera impossible d’avancer.
Bonne Volonté – Ne te décourage pas. Continue de porter ton fardeau avec joie, jusqu’à ce que tu arrives à l’endroit où tu en seras délivré, car il tombera de lui-même de tes épaules.
Chrétien commença à se ceindre, se préparant pour la marche. Bonne Volonté l’avertit qu’il rencontrerait bientôt la maison de l’Interprète, où il devait frapper et entendre des choses très utiles et excellentes ; puis il prit congé de Chrétien avec affection, lui souhaitant un bon voyage et la compagnie du Seigneur.
Appréciez davantage :
Hymne 221