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samedi 26 juillet 2025

Le Pèlerin, semaine 6, samedi, chapitre 20

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA CITÉ CÉLESTE

CHAPITRE 20

SEMAINE 6 - SAMEDI

Lire et prier : "On ne te nommera plus: Délaissée, et l’on ne dira plus de ta terre: Désolation; mais on t’appellera: Hephzibah¹, et ta terre: Beulah²; car l’Éternel met son plaisir en toi, et ta terre aura un époux." (És 62:4)


Chrétien et Espoir passent par la
terre habitée et traversent le fleuve de la Mort

Après les agréables pratiques que je viens de rapporter, je vis, dans mon songe, que les pèlerins avaient déjà traversé la terre enchantée et se trouvaient à l’entrée du pays de Beulah (Ésaïe 62:4-12; Cantique des cantiques 2:10-12).

Très douce et agréable était l’air de ce pays qu’ils traversaient, où ils se réjouirent pendant quelque temps. Ils prenaient plaisir à écouter le chant des oiseaux et la voix des tourterelles, et à voir les fleurs qui parsemaient les prés. Dans ce pays, le jour est permanent, le soleil brille dans tout son éclat, de sorte qu’il est entièrement hors des limites de la Vallée de l’Ombre de la Mort et du domaine du géant Désespoir; et l’on n’y aperçoit même pas la moindre partie du Château du Doute.

Les pèlerins étaient très proches de la Cité vers laquelle ils allaient, et plus d’une fois ils rencontrèrent ses habitants, car les Resplendissants avaient coutume de se promener dans ces lieux, qui se trouvaient, pour ainsi dire, à l’intérieur des limites du ciel.

Ce fut dans ce pays que le contrat entre l’Époux et l’Épouse fut renouvelé et, de même qu’ils se réjouissent l’un de l’autre, ainsi leur Dieu prend plaisir en eux. Il n’y manquait ni blé ni vin, car il y avait en abondance tout ce qu’ils avaient cherché durant tout leur pèlerinage.

On entendait de grandes voix venant de la cité, s’écriant : "Dites à la fille de Sion: Voici ton Sauveur vient, voici avec lui sa récompense" (És 62:11).

Enfin, les habitants du pays furent appelés peuple saint, rachetés de l’Éternel, etc. Heureux sont-ils ! Plus ils s’avançaient dans ce pays, plus leur joie grandissait; et plus ils approchaient de la cité, plus parfaite et magnifique était la vue qui s’offrait à leurs yeux.

La cité était construite de perles et de pierres précieuses, les rues pavées d’or, de sorte que la splendeur naturelle et le reflet des rayons du soleil firent que Chrétien tomba malade de désir. Espoir aussi se sentit atteint de ce mal, de sorte qu’ils s’arrêtèrent un peu pour se reposer, s’écriant au milieu de leur angoisse : Si tu trouves mon bien-aimé, fais-lui savoir que je suis malade d’amour (Cantique des cantiques 5:8). Bientôt ils se fortifièrent et, se sentant plus disposés à supporter cette maladie, poursuivirent leur chemin, se rapprochant de plus en plus de la cité.

Au bord de la route se trouvaient d’excellentes vignes et de délicieux jardins. Ils rencontrèrent le jardinier et lui demandèrent à qui appartenaient des vignes et jardins si beaux. Il leur répondit qu’ils étaient la propriété du Roi, et qu’ils avaient été plantés pour son plaisir et la consolation des pèlerins. Il leur ordonna d’entrer dans les vignes et leur offrit les grappes les plus délicates; il leur montra les allées dans lesquelles le Roi se délectait; et finit par les inviter à dormir là.

Et je vis que, pendant qu’ils dormaient, ils parlaient plus que pendant tout leur voyage; et, l’ayant remarqué, le jardinier me dit : Tu n’as pas à t’en étonner. C’est la nature du fruit de ces vignes d’entrer doucement et de parler aux lèvres de ceux qui dorment (Cantique des cantiques 7:9).

Lorsqu’ils se réveillèrent, ils se préparèrent à entrer dans la cité, mais, comme je l’ai déjà dit, celle-ci étant d’or fin (Apocalypse 21:18), le reflet du soleil était tel, et tellement glorieux, qu’ils ne purent la contempler à visage découvert (II Corinthiens 3:18).

Et je vis que deux hommes vêtus d’habits resplendissants comme l’or, dont les visages étaient brillants comme la lumière, vinrent à leur rencontre et leur demandèrent d’où ils venaient, où ils s’étaient arrêtés, quelles difficultés et dangers, quelles consolations et plaisirs ils avaient rencontrés en chemin. Après avoir satisfait ces questions, ils leur dirent : Il ne vous reste que deux difficultés à surmonter : vous entrerez ensuite dans la cité.

Chrétien et son compagnon leur demandèrent aussitôt de les accompagner. Les hommes répondirent qu’ils acceptaient de grand cœur, mais les avertirent qu’ils devraient vaincre par leur propre foi, et ils marchèrent ainsi ensemble jusqu’à ce qu’ils aperçoivent la porte.

Arrivés là, je vis qu’entre eux et la porte se trouvait un fleuve; mais il n’y avait aucun pont pour le traverser, et le fleuve était très profond. En le voyant, les pèlerins furent très effrayés, mais les hommes qui les accompagnaient leur dirent : Ou vous le traversez, ou vous n’arriverez pas à la porte.

N’y a-t-il pas un autre chemin ? demandèrent les pèlerins.

Il y en a un, répondirent les hommes, mais seulement pour deux, qui sont Énoch et Élie³, auxquels il a été permis de passer par-dessus le fleuve depuis la fondation du monde, ce qui n’a été permis à personne d’autre jusqu’à présent.

Les pèlerins commencèrent alors, et surtout Chrétien, à se désoler en regardant de part et d’autre; mais ils ne pouvaient trouver de chemin pour éviter le fleuve. Ils demandèrent aux deux compagnons si l’eau était également profonde partout dans le fleuve. Ils leur répondirent que non, mais que cela devait leur être indifférent, car la trouver plus ou moins profonde dépendait de la foi qu’ils avaient dans le Roi du pays.

Ils décidèrent donc d’entrer dans l’eau; mais, à peine l’eurent-ils fait, Chrétien commença à s’enfoncer et à crier à Espoir : Je m’enfonce dans ces eaux, toutes les vagues passent sur moi.

Espoir lui répondit : Courage, frère ! J’ai atteint le fond, et je le trouve sûr.

Ah ! Mon ami, s’écria Chrétien, les douleurs de la mort m’ont entouré, et je ne verrai pas la terre où coulent le lait et le miel. Alors un grand effroi et une obscurité tombèrent sur Chrétien, de sorte qu’il ne pouvait rien voir. Il perdit une partie de ses sens, de sorte qu’il ne pouvait se souvenir ni parler avec justesse d’aucune des douces consolations qu’il avait trouvées en chemin.

Toutes les paroles qu’il prononçait laissaient entendre qu’il avait horreur et qu’il était terrifié de mourir dans ce fleuve et de ne pas entrer par la porte de la cité. Les assistants remarquèrent aussi qu’il avait de douloureuses pensées du péché qu’il avait commis, tant avant qu’après être devenu pèlerin. On nota également qu’il était affligé par des apparitions, des fantômes et des esprits mauvais, ce qui se déduisait des paroles qu’il prononçait.

Très grand était le travail d’Espoir pour maintenir hors de l’eau la tête de son frère. Parfois il s’immergeait complètement, ce qui le laissait presque à demi-mort. Il cherchait à le consoler en lui parlant de la porte et de ceux qui les attendaient là, mais Chrétien répondait : C’est toi, c’est toi qu’ils attendent ; tu as toujours été Espoir depuis que je te connais ; ah ! Assurément, si j’étais accepté par Lui, il se lèverait pour m’aider, mais, à cause de mes péchés, il m’a amené dans le piège et m’y a abandonné.

Jamais, répondit Espoir : tu as sans doute oublié le texte qui dit des méchants : Ils ne souffrent pas à leur mort et ils sont fermes dans leur force; ils ne participent pas aux travaux des hommes, et avec les hommes ils ne seront pas frappés (Psaumes 73:4-5). Ces afflictions et ces épreuves que tu traverses dans ce fleuve ne sont pas un signe que Dieu t’a abandonné; elles servent seulement à t’éprouver et à voir si tu te souviens de ce que tu as reçu de sa bonté, et si tu vis de Lui dans tes afflictions.

________________________

¹ Hephzibah : "Mon plaisir"

² Beulah : "Épousée"

³ Énoch (Gn 5:24; Hb 11:5) et Élie (2 R 2:10-11) furent enlevés vivants et ne passèrent pas par la mort physique.


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lundi 14 juillet 2025

Le Pèlerin, semaine 5, mercredi, chapitre 15

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA CITÉ CÉLESTE

CHAPITRE 15

SEMAINE 5 - MERCREDI

Lire et prier : «Je mettrai sur son épaule la clé de la maison de David : quand il ouvrira, nul ne fermera; quand il fermera, nul n’ouvrira.» (És 22.22)


Chrétien et Espoir emprisonnés par le géant Désespoir (2)

Mais ayant invoqué le Seigneur, ils retrouvent
la liberté grâce à la clé des promesses

Ainsi, dès que le géant se leva, il s’arma d’un terrible fouet et descendit à la prison. Il commença par les injurier, les traitant de chiens, et, bien qu’ils ne répondissent rien de mal, il se jeta sur eux, les frappant si violemment qu’ils ne pouvaient plus bouger, même pas se tourner d’un côté à l’autre sur le sol. Cela fait, il se retira, les laissant seuls dans leur misère, pleurant leur malheur. Ainsi passèrent-ils cette journée, seuls, dans les sanglots et les lamentations amères.

La nuit suivante, Méfiance, informée de ce qui s’était passé, dit à son mari qu’il devait leur conseiller de mettre fin à leurs jours.

Le jour se leva. Le géant se rendit à la prison avec la même brutalité que la veille, et, voyant combien les prisonniers souffraient à cause des coups qu’il leur avait infligés, il leur dit :

—Puisque jamais vous ne sortirez d’ici, le mieux que vous puissiez faire, c’est de mettre fin à vos vies, par le fer, la corde ou le poison ; car, vraiment, comment pouvez-vous supporter une vie si pleine d’amertume ?

Mais ils insistèrent auprès du géant pour qu’il les laissât poursuivre leur chemin.

Désespoir les regarda avec colère et se jeta sur eux avec une telle violence qu’il les aurait sûrement mis en pièces, s’il n’avait été pris d’une de ses crises habituelles, qui le priva de l’usage de ses mains et l’obligea à se retirer, les laissant seuls à leurs réflexions.

Ils commencèrent alors à discuter pour savoir s’il valait mieux suivre le conseil du géant, et engagèrent entre eux ce dialogue :

Chrétien —Que devons-nous faire, mon frère ? La vie que nous menons est misérable, et je ne sais s’il vaut mieux continuer à vivre ainsi ou en finir une bonne fois. Mon âme préfère la mort au corps, et le tombeau à cette prison (Job 7.15). Devrions-nous suivre le conseil du géant ?

Espoir —Il est vrai que notre situation est terrible, et que la mort me serait plus agréable si nous devions rester ici pour toujours ; mais nous devons nous rappeler que le Seigneur du pays vers lequel nous nous dirigeons a dit : «Tu ne tueras point», et que s’il nous a donné ce commandement envers les autres, à plus forte raison cela s’applique à nous-mêmes. De plus, celui qui tue autrui ne détruit que le corps, mais celui qui se suicide détruit le corps et l’âme d’un seul coup. Tu parles du repos du tombeau ?

As-tu oublié où vont ceux qui tuent ? «Souviens-toi qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle» (1 Jn 3.15). Nous devons considérer que toutes les lois ne sont pas entre les mains de ce géant. Je crois que d’autres, comme nous, sont tombés en son pouvoir, et que malgré cela, ils ont échappé à ses griffes.

Qui sait si Dieu, qui a fait le monde, ne fera pas mourir ce géant Désespoir, ou ne permettra pas qu’un jour, il oublie de fermer le verrou, ou soit à nouveau frappé d’un mal qui l’empêche d’utiliser ses pieds ? Si cela arrivait, je suis décidé à agir avec courage et à tout faire pour m’échapper de son pouvoir ; j’ai été insensé de ne pas l’avoir déjà tenté, mais ayons de la patience et souffrons encore un peu ; l’heure de notre délivrance viendra ; ne soyons donc pas meurtriers de nous-mêmes.

Par ces paroles, Espoir réussit à calmer momentanément son frère, et ils passèrent ainsi ensemble cette journée dans les ténèbres, dans un état des plus douloureux.

Au crépuscule, le géant redescendit à la prison pour voir si les prisonniers avaient suivi son conseil ; et bien qu’ils ne se fussent pas suicidés, il les trouva presque sans vie, car, d’une part, le manque de nourriture, et d’autre part, les blessures reçues, les avaient affaiblis au point qu’ils respiraient à peine.

Les voyant encore vivants, le géant se mit en colère et leur dit qu’il aurait mieux valu pour eux ne jamais être nés plutôt que d’avoir méprisé son conseil.

Cette menace effraya grandement les deux prisonniers, et Chrétien faillit s’évanouir ; mais, reprenant tous deux un peu leurs esprits, ils reparlèrent encore du conseil du géant.

Chrétien paraissait enclin à le suivre, mais Espoir lui dit :

—Mon cher frère, as-tu donc oublié le courage que tu as montré tant de fois ? Apollyon n’a pas pu te terrasser, ni tout ce que tu as vu, entendu et éprouvé dans la Vallée de l’Ombre de la Mort. Que d’épreuves, de terreurs et de frayeurs as-tu traversées ! Et maintenant, je ne vois en toi que faiblesse et peur ! Ne suis-je pas ici dans la même prison que toi, moi qui suis, par nature, bien plus faible que toi ? Le géant ne m’a-t-il pas frappé comme toi ? Ne nous a-t-il pas privés de pain et d’eau ? Ne me plains-je pas, comme toi, d’être plongé dans d’épaisses ténèbres ? Exerçons encore un peu de patience. Souviens-toi du courage que tu as montré à la Foire de la Vanité, souviens-toi que ni les chaînes, ni la prison, ni la perspective d’une mort terrible ne t’ont effrayé, et supportons les maux présents avec autant de patience que possible, afin d’éviter la honte.

Ainsi passa un jour de plus. Le soir, la femme du géant lui demanda à nouveau des nouvelles des prisonniers, pour savoir s’ils avaient suivi son conseil. Le géant répondit que c’étaient des hommes sans fierté ni honte, qui avaient préféré tout endurer plutôt que de se suicider.

Elle lui répondit :

—Demain matin, conduis-les dans la cour du château, montre-leur les ossements et les crânes de ceux que tu as déchiquetés, et dis-leur que, dans moins de huit jours, ils subiront le même sort.

Ce fut fait ainsi. Le lendemain matin, le géant les mena dans la cour du château, selon les conseils de sa femme, et leur dit :

Ces ossements appartenaient à des pèlerins comme vous, qui ont violé mes terres, tout comme vous l’avez fait, et que j’ai déchirés quand bon m’a semblé, comme je le ferai avec vous d’ici peu. Retournez maintenant dans votre prison.

Et il les accompagna jusqu’à la porte du cachot, leur administrant encore de nombreux coups. Ils y demeurèrent tristes tout le jour du samedi, dans des circonstances aussi misérables que précédemment. Le soir venu, le géant reparla des pèlerins avec sa femme, étonné que ni les coups ni les conseils n’eussent eu raison d’eux.

—Je crains —dit la femme— qu’ils ne nourrissent l’espoir que quelqu’un vienne les libérer, ou qu’ils aient trouvé une fausse clé grâce à laquelle ils espèrent s’évader.

—Demain, je les fouillerai —répondit le géant.

Il était près de minuit, ce samedi-là, lorsque nos pèlerins commencèrent à prier, et ils continuèrent en prière jusqu’à l’aube.

Peu avant le lever du jour, Chrétien s’écria avec ferveur, comme s’il était saisi d’effroi : Quel fou et insensé je suis de rester ici dans ce cachot, alors que je pourrais jouir de la liberté ! J’ai sur moi une clé appelée Promesse, qui, j’en suis persuadé, peut ouvrir toutes les serrures du château du Doute. —Vraiment ? s’exclama Espoir. Quelle bonne nouvelle tu m’annonces, mon frère ; sors donc cette clé de ton sein et essayons-la !

Chrétien prit la clé et l’essaya sur la porte de la prison. Quelques instants plus tard, la serrure céda, et la porte s’ouvrit toute grande, très facilement. Chrétien et Espoir sortirent.

Ils arrivèrent à la porte extérieure donnant sur la cour du château, qui céda tout aussi facilement. Ils se dirigèrent ensuite vers la grande porte de fer qui fermait toute la forteresse, et bien que la serrure fût extrêmement solide et complexe, ils réussirent à l’ouvrir avec la clé. Ils poussèrent la porte pour s’enfuir au plus vite, mais les gonds grincèrent tellement qu’ils réveillèrent le géant Désespoir, qui se leva aussitôt pour poursuivre les fugitifs ; mais ses forces l’abandonnèrent, car il fut pris d’une de ses crises, ce qui l’empêcha de courir après les pèlerins. Pendant ce temps, eux couraient, atteignant la grande route, libres de toute crainte, car ils étaient déjà hors de la juridiction du géant.

Ayant franchi la passerelle qui donnait accès aux terres du château, ils commencèrent à réfléchir sur la manière de prévenir du danger que représentait le pouvoir du géant, et décidèrent d’ériger là une colonne, en gravant au sommet ces mots : Ce chemin mène au château du Doute, propriété du géant Désespoir, qui méprise le Roi du pays céleste et cherche à détruire ses saints pèlerins.

Cette mise en garde fut utile à beaucoup de ceux qui passèrent plus tard par cet endroit, et qui, lisant l’inscription, purent éviter le danger.

Et après avoir dressé la colonne, ils chantèrent un cantique, dont les paroles disaient à peu près ceci : «Quelle terrible situation fut la nôtre, quand nous avons quitté le droit chemin ; alors nous avons connu ce que c’est que de fouler un sol interdit ! Vous qui nous suivez dans ce pèlerinage, soyez vigilants, apprenez de notre exemple, et fuyez toujours le château du Doute, car vous tomberiez entre les mains du terrible géant Désespoir.»


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samedi 12 juillet 2025

Le Pèlerin, semaine 5, mardi, chapitre 15

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA CITÉ CÉLESTE

CHAPITRE 15

SEMAINE 5 - MARDI

Lire et prier : « Tu as éloigné de moi amis et compagnons ; mes proches sont dans les ténèbres. » (Psaume 88:18)


Chrétien et Espérance emprisonnés par le géant Désespoir

Chrétien et Espérance, entourés de consolation et de paix, tombent dans la négligence et, prenant un mauvais chemin, sont faits prisonniers par le géant Désespoir ;


Nos pèlerins poursuivaient leur chemin quand je les vis arriver à une belle rivière, que le roi David appela « fleuve de Dieu » et Jean « fleuve d’eau de la vie » (Psaume 65:9 ; Apocalypse 22:1 ; Ézéchiel 47:1-9).

Ils devaient traverser cette rivière. Grande fut la consolation qu’ils ressentirent, et plus encore lorsqu’ils goûtèrent à l’eau de la vie, la trouvant agréable et rafraîchissante pour leurs esprits fatigués.

Sur les rives du fleuve poussaient des arbres touffus produisant toutes sortes de fruits, et dont les feuilles servaient à prévenir les maladies qui atteignent généralement ceux qui, après avoir beaucoup marché, sentent leur sang s’échauffer. De part et d’autre de la rivière s’étendaient de beaux prés ornés de lys luxuriants qui restaient verts toute l’année.

Arrivés dans l’un de ces prés, ils se couchèrent et s’endormirent, car en ce lieu ils pouvaient se reposer en sécurité (Psaume 23:2 ; Ésaïe 14:30). À leur réveil, ils mangèrent des fruits des arbres, burent de nouveau l’eau de la vie, puis se rendormirent. Ils vécurent ainsi plusieurs jours dans cet endroit. Le plaisir qu’ils y trouvèrent était tel qu’ils s’écrièrent : « Béni soit le Seigneur qui a préparé ces eaux cristallines pour les pèlerins qui passent ici. Quel parfum agréable s’exhale de ces prés, qui nous invitent avec douceur ! Celui qui goûte ces fruits ou même les feuilles de ces arbres vendra volontiers tout ce qu’il possède pour acheter ce terrain. »

Comme ils n’étaient pas encore parvenus au terme de leur voyage, ils décidèrent de repartir après avoir mangé et bu.

Je vis alors dans mon songe qu’un peu plus loin, la route et la rivière se séparaient, ce qui les attrista beaucoup. Néanmoins, ils n’osèrent pas quitter le chemin. Mais plus ils s’éloignaient de la rivière, plus la route devenait rugueuse, et comme leurs pieds étaient très sensibles à cause de la longue marche, ils furent très abattus (Nombres 21:4).

Ils poursuivirent toutefois leur route, bien qu’ils désirassent entrer dans un pré accessible par des planches de bois ; il s’appelait « Pré du Mauvais Chemin ». Chrétien dit alors à son compagnon : Si ce pré suit la route, nous pourrions y marcher. Et s’approchant des planches pour mieux examiner, il vit un sentier longeant la route, de l’autre côté du mur.

Espérance – Et si nous nous perdions ?

Chrétien – Peu probable. Vois-tu que le sentier suit la route ?

Espérance, convaincu par son compagnon, le suivit de l’autre côté et tous deux entrèrent dans le sentier, qui était très doux pour leurs pieds fatigués. Un peu plus loin, ils aperçurent un homme qui marchait devant eux ; il se nommait Vaine-Confiance. Ils lui demandèrent où menait ce sentier. À la porte céleste, répondit-il. « Tu vois ? Ne te l’avais-je pas dit ? » dit Chrétien à son compagnon. « Maintenant nous pouvons être sûrs que nous sommes sur le bon chemin. »

Ils continuèrent leur marche, suivant l’homme. Mais la nuit tomba, si obscure qu’ils ne purent plus distinguer l’homme devant eux. Celui-ci, ne voyant pas le chemin, tomba dans une fosse profonde, creusée par le prince de ces lieux pour y faire tomber les insensés présomptueux, et il se blessa gravement dans sa chute (Ésaïe 3:16).

Chrétien et Espérance, entendant sa chute, lui crièrent pour savoir ce qui s’était passé, mais n’obtinrent qu’un profond gémissement. Alors Espérance demanda : Où sommes-nous ? Chrétien n’osa répondre, craignant s’être égaré. Il se mit alors à pleuvoir et une tempête violente éclata. Les tonnerres et les éclairs se succédaient, et l’eau montait, inondant les pèlerins. Espérance gémit, se disant : Si seulement nous étions restés sur le chemin comme je le voulais !

Chrétien – Qui aurait cru que ce sentier nous égarerait ?

Espérance – Je l’ai pressenti dès le début, et je t’ai averti doucement, sans parler plus clairement par respect pour ton âge.

Chrétien – Ne sois pas offensé, cher frère. Je regrette profondément de t’avoir égaré et exposé à un tel danger. Pardonne-moi, je n’agissais pas avec mauvaise intention.

Espérance – Rassure-toi, frère. Je te pardonne volontiers, et je crois que cette épreuve nous sera utile à tous les deux.

Chrétien – Que je suis heureux d’avoir un frère aussi bon pour compagnon ! Mais au lieu de rester ici, retournons sur nos pas à la recherche du sentier.

Espérance – D’accord, cher frère, mais laisse-moi passer devant.

Chrétien – Non. C’est moi qui souhaite passer devant. S’il y a un danger, que ce soit moi qui en souffre le premier, puisque c’est par ma faute que nous nous sommes égarés.

Espérance – Je ne peux l’accepter, car ton esprit est troublé, et nous risquerions de nous perdre davantage.

À ce moment, ils entendirent avec une grande consolation une voix qui disait :

« Dressez-vous des signes, placez-vous des poteaux ; faites attention à la route, au chemin que vous avez suivi ; revenez ! » (Jérémie 31:21). Mais les eaux avaient tant monté que le retour était très dangereux. (Je pensai alors combien il est plus facile de quitter le bon chemin que d’y revenir après l’avoir perdu). Nos pèlerins prirent le risque de revenir sur leurs pas, mais les ténèbres étaient si épaisses et l’eau si haute qu’ils faillirent se noyer à plusieurs reprises.

Malgré leurs efforts, ils ne purent retrouver les planches de bois. Ayant trouvé un petit abri, ils s’y assirent pour attendre le lever du jour, et s’endormirent de fatigue.

Non loin de l’endroit où ils s’étaient assis, se trouvait un château nommé Château du Doute, dont le propriétaire était le géant Désespoir, à qui appartenaient aussi les terres où les pèlerins s’étaient endormis.

Le géant, s’étant levé tôt, se promenait dans ses champs quand il tomba, surpris, sur Chrétien et Espérance encore endormis. D’une voix rude et menaçante, il leur demanda d’où ils venaient et ce qu’ils faisaient là.

– Nous sommes des pèlerins, répondirent-ils, et nous nous sommes égarés.

– Misérables, s’écria le géant, vous avez violé mes terres cette nuit, piétinant mes semences ; vous êtes mes prisonniers. Ils ne purent répondre à cette accusation, car le géant était plus fort et ils se savaient en faute ; ils décidèrent donc d’obéir. Le géant les poussa devant lui et les jeta dans une des cellules de son château, obscure, répugnante et terrifiante pour l’esprit des pauvres pèlerins. Là, ils restèrent du mercredi matin au samedi soir, sans nourriture, sans eau, sans lumière, et sans que personne ne vienne s’informer de leur état. Leur situation était très triste, loin de tout ami et de toute connaissance (Psaume 88:1-18), surtout celle de Chrétien, car sa précipitation mal avisée avait causé ce grand malheur.

L’épouse du géant Désespoir s’appelait Méfiance. Le géant lui raconta, lorsqu’ils se couchèrent, qu’il avait capturé des prisonniers et les avait enfermés pour avoir violé ses champs, lui demandant ensuite quel sort ils méritaient selon elle. Méfiance, après avoir demandé qui ils étaient, d’où ils venaient et où ils allaient, conseilla à son mari de les fouetter sans pitié le lendemain matin.


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