samedi 12 juillet 2025

Le Pèlerin, semaine 5, dimanche, chapitre 13

LE PÈLERIN

LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA CITÉ CÉLESTE

CHAPITRE 13

SEMAINE 5 - DIMANCHE

Lire et prier : « Sachant que ce n’est pas par des choses périssables, par de l’argent ou de l’or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache. » (1 Pierre 1:18-19)


Pèlerins à la Foire de la Vanité (5)

Avarice – Il me semble que nous sommes tous d’accord sur ce point, et je ne crois pas qu’il y ait d’objection à changer de sujet.

Amour-de-l’Argent – Nous n’avons rien de plus à dire à ce sujet. Et celui qui ne croit pas à l’Écriture ni à la raison (qui toutes deux sont de notre côté) ne connaît ni sa propre liberté, ni ne cherche sa propre sécurité.

Intérêt-Propre – Amis, à ce que je vois, nous sommes tous pèlerins, et pour mieux nous écarter des choses mauvaises, permettez-moi de vous proposer une question.

Supposons qu’un pasteur d’âmes, ou un commerçant, ait l’occasion d’obtenir les biens de cette vie, mais qu’il ne puisse les atteindre que s’il se montre, du moins en apparence, extraordinairement zélé dans quelque point de la religion auquel jusqu’alors il n’avait guère prêté attention ; ne lui serait-il pas permis d’employer les moyens nécessaires pour parvenir à ses fins, sans cesser pour autant d’être un homme honnête ?

Amour-de-l’Argent – Je vois bien où vous voulez en venir, et, avec le consentement de ces messieurs, je vais vous répondre, en commençant par le cas du pasteur. Imaginons un homme de cette catégorie, un homme de bien, qui possède un modeste bénéfice, et qui, dans l’attente d’un autre plus confortable et plus lucratif, a l’opportunité d’en obtenir un, à condition d’être plus studieux, de prêcher davantage et avec plus de zèle ; malgré les avis contraires, je ne vois aucune raison pour que cet homme ne puisse le faire, et même davantage, s’il en a l’occasion, sans cesser d’être un homme honnête. Et pourquoi ?

1° – Désirer un meilleur bénéfice est licite, sans aucune contradiction, puisqu’il s’agit d’une occasion fournie par la Providence ; il peut donc le saisir si cela ne pose pas de problème de conscience.

2° – En outre, le désir de ce bénéfice le rend plus studieux et plus zélé dans sa prédication, l’oblige à développer davantage son talent, ce qui est sans aucun doute conforme à la volonté de Dieu.

3° – Quant au fait de s’adapter au caractère de son peuple, s’il dépose certains de ses principes, cela suppose : a) qu’il a un esprit rempli d’abnégation ; b) qu’il agit avec douceur et attrait ; c) qu’il est donc mieux qualifié pour le ministère pastoral.

4° – Je conclus donc qu’un pasteur qui échange un petit bénéfice contre un plus grand ne doit pas être qualifié d’avare. Bien au contraire, il faut considérer qu’il suit simplement sa vocation et profite de l’occasion de faire le bien qui se présente à lui.

Quant à la seconde partie de la question, c’est-à-dire concernant le commerçant, supposons que ses affaires soient réduites, mais qu’en devenant religieux, il puisse améliorer sa situation, peut-être en trouvant une épouse riche ou davantage de clients.

Pour ma part, je ne vois aucune raison pour que cela ne puisse se faire avec droiture ; car,

  1. devenir religieux est une vertu, quel que soit le chemin emprunté pour y parvenir ;

  2. il n’est pas non plus interdit de chercher une épouse riche ou davantage de bons clients ;

  3. de plus, l’homme qui obtient ces choses en devenant religieux, obtient un bien par d’autres biens tout aussi bons, et devient bon lui-même ; il gagne beaucoup de bonnes choses : une bonne épouse, de bons clients, de bons profits, et il devient bon. Ainsi, devenir religieux pour obtenir toutes ces choses est une bonne et profitable tentation.

Ces paroles d’Amour-de-l’Argent furent très applaudies par tous, et il fut unanimement conclu que cette doctrine était saine et avantageuse.

Et comme il leur semblait qu’elle ne pouvait être réfutée, ils décidèrent de hâter le pas pour poser la question à Chrétien et Espérance, avec d’autant plus d’ardeur qu’ils savaient que ceux-ci avaient combattu les opinions d’Intérêt-Propre. Ils commencèrent donc à les appeler à haute voix, les obligeant à s’arrêter et à les attendre. Ils avaient décidé que celui qui poserait la question ne serait pas Intérêt-Propre, mais Attachement-au-Monde, car, à leur avis, la réponse qu’il recevrait ne serait pas aussi virulente que celle reçue par Intérêt-Propre. Dès qu’ils rejoignirent les deux pèlerins, tous se saluèrent, et Attachement-au-Monde exposa la question, demandant qu’on veuille bien y répondre, si possible.

Chrétien répondit en ces termes : – Non seulement moi, mais tout novice en religion pourrait facilement répondre à mille questions comme celle-ci ; si l’on peut suivre Christ pour les pains, comme on le voit en Jean 6:26, combien plus abominable est-il de se servir de Christ et de la religion comme d’un moyen pour obtenir et jouir des choses du monde ! Seuls les païens, les hypocrites, les démons et les enchanteurs peuvent accepter une telle opinion.

1°) Les païens : Lorsque Hamor et Sichem voulurent obtenir les filles et les troupeaux de Jacob, et qu’ils virent qu’ils ne pouvaient y parvenir qu’en se faisant circoncire, ils dirent à leurs compagnons : « Si tous nos hommes se font circoncire comme eux, tous leurs troupeaux et toutes leurs richesses seront à nous. » (Genèse 34:20-24). Ce qu’ils recherchaient, c’étaient les filles et les biens de Jacob. La religion n’était qu’un moyen d’atteindre leur fin.

2°) Les pharisiens hypocrites étaient aussi religieux de cette manière. Leurs longues prières étaient un prétexte pour dévorer les maisons des veuves, et c’est pourquoi ils reçurent une plus grande condamnation de la part de Dieu (Luc 20:46-47).

3°) Telle était aussi la religion de Judas. Ce démon était religieux à cause de la bourse et de ce qu’elle contenait ; mais il se perdit et fut rejeté comme fils de perdition.

4°) C’est aussi cette religion qu’avait Simon le Magicien, car il voulait posséder le Saint-Esprit pour en tirer de l’argent ; mais il reçut de la bouche de Pierre une juste condamnation (Actes 8:18-23).

5°) Je ne puis non plus m’empêcher de dire que quiconque embrasse la religion pour posséder le monde, l’abandonnera si nécessaire pour ne pas perdre celui-ci ; car il est aussi vrai que Judas devint religieux à cause du monde que de dire qu’il vendit sa religion et son Seigneur pour le monde. Répondre oui à la question que vous avez posée, comme il me semble que vous l’avez fait, et accepter cette réponse comme bonne, c’est être païen, hypocrite et fils de perdition, et votre récompense sera conforme à vos œuvres.

En entendant ce discours, les faux pèlerins restèrent sans voix. Alors Chrétien dit à son compagnon : Si ces hommes ne peuvent pas supporter la sentence d’un homme, que sera-ce lorsqu’ils comparaîtront devant le tribunal de Dieu ? Si des vases de terre les réduisent au silence, que sera-ce quand ils seront repris par les flammes d’un feu dévorant ?

Chrétien et Espérance poursuivirent leur chemin, jusqu’à ce qu’ils arrivent à une belle plaine appelée Soulagement. Ce fut un grand plaisir pour eux de traverser cette plaine, mais ce plaisir fut de courte durée, car elle était peu étendue. De l’autre côté, ils trouvèrent une colline appelée Gain, et sur cette colline se trouvait une mine d’argent. Certains des voyageurs passés par là s’étaient écartés du chemin pour visiter la mine, qu’ils jugeaient très précieuse. Mais il leur arriva, en s’approchant trop près de l’ouverture du puits, que le sol sur lequel ils marchaient céda, car il était trompeur, et ils furent précipités dans l’abîme, où ils périrent ; d’autres, qui ne moururent pas, furent estropiés et mutilés, et ne purent jamais retrouver leurs forces durant leur vie.


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