LE PÈLERIN
LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA CITÉ CÉLESTE
CHAPITRE 8
SEMAINE 2 - SAMEDI
Lire et prier : « Mais maintenant ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité. » (Hébreux 11.16)
Chrétien au Palais Beau (1)
Piété – Continue. Tu as dû voir autre chose.
Chrétien – Je vous ai déjà raconté ce qu’il y avait de principal et de meilleur. J’ai aussi rencontré trois individus, Simplicité, Paresse et Présomption, endormis hors du chemin, enchaînés aux pieds, que j’ai tenté en vain de réveiller.
J’ai ensuite rencontré Hypocrisie et Formaliste, qui avaient sauté par-dessus le mur, prétendant aller à Sion ; mais ils se sont perdus peu après, car ils n’ont pas voulu m’écouter. J’ai aussi trouvé très pénible l’ascension du défilé, et encore plus terrible le passage entre les gueules des lions. Si ce n’avait été le portier qui m’a encouragé par ses paroles, j’aurais peut-être fait demi-tour. Mais grâce à Dieu, me voici heureusement ici, et je vous remercie pour la belle hospitalité que vous m’offrez. Prudence, prenant alors la parole, lui demanda :
Prudence – Ne penses-tu pas parfois au pays que tu as quitté ?
Chrétien – Oui, madame, quoique avec beaucoup de répugnance et de honte. Si je l’avais désiré, j’aurais pu retourner en arrière, car j’ai eu suffisamment de temps et d’occasions ; mais j’aspire à une meilleure patrie, la céleste (Hébreux 11.15-16).
Prudence – N’as-tu pas emporté avec toi certaines choses auxquelles tu étais attaché avant de partir ?
Chrétien – Si, madame, mais bien malgré moi, surtout mes pensées charnelles, qui me plaisaient tant, ainsi qu’à mes compatriotes. À présent, toutefois, toutes ces choses me pèsent tellement que, si cela ne dépendait que de moi, je n’y penserais jamais plus. Pourtant, plus je veux faire le bien, plus je pratique le mal (Romains 7.15-21).
Prudence – Et n’as-tu pas parfois l’impression que les choses qui autrefois t’embarrassaient sont presque sur le point de te vaincre ?
Chrétien – Cela m’arrive, mais rarement ; cependant, lorsque cela se produit, ces heures me semblent précieuses comme de l’or.
Prudence – Et te souviens-tu des moyens par lesquels tu surmontes ces maux dans de telles occasions ?
Chrétien – M’en souvenir ? Oui ! Quand je médite sur ce que j’ai vu, et sur ce qui s’est passé près de la Croix ; quand je contemple ce vêtement brodé ; quand je me réjouis en regardant ce parchemin, et lorsque je pense à ce qui m’attend si j’ai le bonheur d’atteindre le lieu où je me rends, alors il me semble que tous ces maux qui m’affligent disparaissent.
Prudence – Et pourquoi désires-tu tant arriver au mont Sion ?
Chrétien – Oh ! parce que j’espère y trouver vivant Celui que j’ai vu récemment cloué à la croix ; j’espère, en arrivant là-bas, être libéré de ce qui m’oppresse tant, car la mort n’y entre pas, et j’y aurai la compagnie qui me plaît le plus (Ésaïe 25.8 ; Apocalypse 21.3-4). J’aime beaucoup Celui qui, par sa mort, m’a délivré du fardeau qui m’accablait. Mes infirmités intérieures m’ont beaucoup affligé. Je désire atteindre le pays où il n’y aura plus de mort, et je soupire après des compagnons semblables à ceux qui chantent sans cesse : Saint, Saint, Saint ! Charité prit alors la parole :
Charité – As-tu une famille ? Es-tu marié ?
Chrétien – J’ai une femme et quatre enfants.
Charité – Alors, pourquoi ne les as-tu pas amenés avec toi ?
Chrétien – (En pleurant.) Je les aurais emmenés avec la meilleure volonté ; mais, hélas, tous les cinq s’opposaient à mon voyage, et ils y résistèrent de toutes leurs forces.
Charité – Mais tu aurais dû leur parler et t’efforcer de les convaincre du danger qu’ils couraient.
Chrétien – Je l’ai fait, leur exposant aussi ce que Dieu m’avait révélé au sujet de la ruine de notre ville. Mais ils me prirent pour un fou et ne voulurent pas m’écouter (Genèse 19.14) ; j’ai accompagné ce conseil d’une prière fervente au Seigneur, car j’aimais beaucoup ma femme et mes enfants.
Charité – Je suppose que tu leur as parlé avec insistance de ta douleur et de la peur que tu avais de la destruction, car je crois que tu voyais clairement à quel point ta ruine était imminente.
Chrétien – En vérité, je l’ai fait, non une fois, mais plusieurs fois ; et de plus, ma crainte était bien visible sur mon visage, dans mes larmes et dans la peur que m’inspirait l’idée du jugement suspendu au-dessus de nos têtes. Mais rien n’a pu les persuader de me suivre.
Charité – Et quelles raisons ont-ils données pour ne pas te suivre ?
Chrétien – Ma femme craignait de perdre ce monde, et mes enfants étaient entièrement livrés aux plaisirs de la jeunesse ; voilà pourquoi ils m’ont laissé entreprendre seul mon voyage.
Charité – Et n’est-ce pas toi qui, par ta vie vaine, rendais vains les conseils que tu leur donnais pour qu’ils te suivent ?
Chrétien – Il est vrai que je ne peux rien dire en faveur de ma vie, car je sais combien elle a été imparfaite, et je sais aussi qu’un homme peut contredire par sa conduite ce qu’il cherche à persuader aux autres par ses paroles, pour leur bien. Mais je puis affirmer que j’évitais soigneusement de leur donner occasion, par quelque action inconvenante, de refuser de m’accompagner dans mon pèlerinage ; si bien qu’ils m’accusaient d’exagérer et de me priver, à cause d’eux, de choses qui, selon eux, n’avaient rien de mal ; et je peux encore ajouter que ce qu’ils voyaient en moi, c’était ma grande préoccupation de ne pas pécher contre Dieu et de ne pas nuire à mon prochain.
Charité – Il est certain que Caïn haït son frère (1 Jean 3.12), parce que les œuvres d’Abel étaient bonnes, et les siennes mauvaises ; et c’est la raison pour laquelle ta femme et tes enfants se sont détournés de toi ; par cette conduite, ils se sont montrés implacables envers le bien, et tu as délivré ton âme de leur sang (Ézéchiel 3.19).
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