LE PÈLERIN
LE VOYAGE DU CHRÉTIEN
VERS LA CITÉ CÉLESTE
CHAPITRE 8
SEMAINE 3 - DIMANCHE
Lire et prier : « Ô Dieu, que ta bonté est précieuse ! À l’ombre de tes ailes les fils des hommes cherchent un refuge. Ils se rassasient de l’abondance de ta maison, et tu les abreuves au torrent de tes délices. » (Psaume 36:7-8)
Chrétien au Palais Beau (2)
Je remarquai encore, dans mon rêve, qu’ils continuaient ainsi de converser jusqu’à ce que le souper fût prêt, après quoi ils s’assirent à table, qui était garnie de mets succulents et d’excellents vins.
La conversation, durant le repas, porta sur le Seigneur du Défilé, sur ce qu’Il avait fait et les raisons qui l’avaient poussé à construire cette maison. D’après ce que j’entendis, je compris qu’il avait été un grand guerrier, qu’il avait combattu et vaincu celui qui avait le pouvoir de la mort (Hébreux 2:14-15), mais non sans avoir couru un grand danger, ce qui le rendait d’autant plus digne d’amour.
Car, selon ce qu’ils dirent, et je crois avoir entendu Chrétien le dire aussi, le Seigneur obtint cette victoire au prix de beaucoup de sang ; mais ce qui rendait cette grâce encore plus glorieuse, c’est qu’Il l’avait accomplie uniquement par l’amour qu’Il avait consacré à ce pays. Et certains membres de la famille disaient même l’avoir vu et lui avoir parlé après qu’Il fut mort sur la croix, et affirmaient également qu’Il avait dit qu’on ne pouvait trouver personne semblable, de l’orient à l’occident ; et à tel point qu’Il s’était dépouillé de sa gloire pour accomplir ce qu’Il fit, et que Son désir était d’avoir plusieurs compagnons pour habiter avec Lui sur le mont Sion, ayant fait de princes ceux qui, par nature, étaient des mendiants nés dans la boue (1 Samuel 2:8 ; Psaume 113:8).
Dans cette conversation si agréable, ils s’entretinrent jusqu’à une heure avancée de la nuit, puis se retirèrent dans leurs appartements, après s’être recommandés à la protection du Seigneur. La chambre réservée à Chrétien était située à l’étage supérieur du palais ; elle s’appelait Salle de la Paix, et avait une fenêtre donnant à l’est. Là, notre Pèlerin dormit paisiblement jusqu’à l’aube, et, s’étant réveillé, il entonna un chant qui, en doux vers, disait : « Oh ! Qu’elles sont agréables ces demeures ! En vérité, c’est ici la maison du Seigneur, c’est ici la porte des cieux ! Béni sois-tu, Jésus, toi qui pourvois ainsi aux besoins des pauvres pèlerins, leur pardonnant leurs péchés et leur permettant de se reposer dans les hauteurs ! »
Après que tous se furent levés, et s’étaient échangé les salutations du matin, Chrétien se préparait à partir, ce qu’on ne lui permit qu’après lui avoir montré certaines choses extraordinaires qui se trouvaient dans le palais.
On le mena d’abord aux Archives, où on lui présenta l’arbre généalogique du Seigneur, et selon lequel Il descendait de l’Ancien des Jours, ayant été conçu dans des splendeurs éternelles, avant même que l’étoile du matin n’existe.
Là aussi, il vit écrites en lettres de lumière, toutes ses actions et toute sa vie, ainsi que les noms de plusieurs centaines de serviteurs qui avaient conquis des royaumes, pratiqué la justice, obtenu des promesses, vaincu des lions, éteint des incendies terribles, échappé au tranchant de l’épée, survécu à de graves maladies, combattu vaillamment dans les guerres, et mis en déroute les camps ennemis (Hébreux 11:33-34).
On lui montra ensuite, dans une autre partie des Archives, la bonne disposition du Seigneur à accorder Sa faveur à toute personne qui, jadis, l’avait combattu ou s’était opposée à Ses desseins.
On lui montra aussi plusieurs récits d’exploits remarquables, tant de l’antiquité que des temps modernes, ainsi que des prédictions et des prophéties qui, en leur temps, s’étaient accomplies ; tout cela pour la terreur et la confusion des ennemis, et pour la joie et la satisfaction des amis.
Le lendemain, on le conduisit à l’arsenal, où on lui montra des armures de toutes sortes, que le Seigneur avait destinées aux pèlerins : épées, boucliers, casques, cuirasses, roue-prière¹ et brodequins² d’une durée éternelle. Il y avait tant d’équipements de guerre qu’ils auraient suffi à armer autant d’hommes au service du Seigneur qu’il y a d’étoiles dans le ciel.
On lui montra aussi les objets avec lesquels certains serviteurs avaient accompli des merveilles prodigieuses : la verge de Moïse, le clou et le marteau avec lesquels Jaël tua Sisera ; les cruches, les trompettes et les lampes avec lesquelles Gédéon vainquit les armées de Madian ; le soc de charrue avec lequel Shamma tua six cents hommes ; la mâchoire d’âne avec laquelle Samson accomplit de grands exploits ; la fronde et la pierre avec lesquelles David tua Goliath de Gath, et l’épée avec laquelle le Seigneur tuera l’homme du péché au jour où celui-ci se lèvera contre la proie ; on lui montra, en somme, beaucoup d’autres choses excellentes, à la vue desquelles Chrétien ressentit une joie ineffable. Et, comme le jour déclinait, ils se remirent au repos.
Le jour suivant, Chrétien voulait partir, mais on le pria de rester encore un jour, afin qu’on puisse lui montrer, si l’atmosphère était claire, les montagnes des Délices, dont la vue le consolerait grandement, car elles se trouvaient plus proches du port vers lequel il se dirigeait que du lieu où il se trouvait alors. Chrétien accéda à la demande.
Ils montèrent donc, au matin, sur la terrasse du palais, du côté sud, et, à une grande distance, Chrétien aperçut un pays montagneux et des plus agréables, bordé de forêts, de vignes, de vergers et de jardins de toutes sortes, alternant avec des ruisseaux et des lacs d’une beauté singulière (Ésaïe 33:16-17). Ce pays, lui dit-on, est le pays d’Emmanuel, et il est aussi libre que celui-ci pour tous les pèlerins. De là, tu apercevras la porte de la Cité Céleste. Les bergers de ces montagnes t’enseigneront le chemin.
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¹ Cuirasses roue-prière : expression composée ou poétique pour désigner un cercle de prière.
² Brodequins : bottes ou bottines en cuir, souvent portées par des soldats ou des voyageurs au Moyen Âge ou dans les temps anciens.
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